<222> Brandebourg, et laissa à Spandow le capitaine Zegelin avec un bataillon de convalescents. Les Russes n'ont point osé attaquer cette place. Nous comptions de les avoir, ainsi que les Autrichiens, encore quelque temps à Berlin, lorsqu'ils se retirèrent avec la plus grande vitesse et même avec confusion.a Dans le temps qu'ils ont été dans la ville, le comte de Reuss, le seul de vos ministres qui ait osé rester dans Berlin, a rendu à la ville bien des services en agissant auprès des généraux toutes les fois qu'il a été nécessaire de le faire, sans crainte d'être pris pour otage; il a voulu jusqu'à la fin se montrer bon citoyen. En parlant, Sire, à V. M. de ceux qui ont fait paraître un véritable zèle pour son service, je ne dois pas oublier l'envoyé de Hollande, M. de Verelst.b Lorsque je verrai V. M., j'aurai l'honneur de lui dire tout ce qu'il a fait. En attendant, Sire, je puis vous assurer avec la plus grande vérité que, s'il vivait deux cents ans, vous et les rois vos successeurs ne sauriez trop lui témoigner de reconnaissance. Vous en conviendrez, Sire, lorsque je pourrai parler librement à V. M. Les Autrichiensc ont arrêté, Sire, une lettre en date de Hermannsdorf, du 27 août, que V. M. m'avait fait l'honneur de m'écrire. Ils ont envoyé l'original à Vienne, et en ont donné ici plusieurs copies; j'ai trouvé le moyen d'en avoir une, que je renvoie à V. M. Il n'y a rien que de grand, que de noble et que de vertueux dans cette lettre; elle a donné envie à plusieurs généraux autrichiens de me connaître, mais je n'ai voulu en voir aucun. Je me suis informé, de ceux qui les ont vus, des discours qu'ils ont tenus. Il semble, par ceux du général Brentano, qu'ils font un grand cas du général


a Le 12 octobre.

b Le Roi exprima sa reconnaissance à M. de Verelst dans une lettre datée de Jessen, 22 octobre 1760, et il le fit comte le 2 septembre 1767; enfin, il lui a donné des éloges dans ses Œuvres, t. V, p. 91.

c Ce ne furent pas les Autrichiens, mais les Cosaques qui interceptèrent la lettre du Roi, le 8 septembre 1760, près de Herrnstadt. Voyez la Correspondance de M. le marquis de Montalembert. t. II, p. 276 et 277.