<261> un morceau du tapis qui couvre le chameau qui, toutes les années, porte un Alcoran à la Mecque.

Pondichéry doit être pris depuis la dernière bataille que les Français ont perdue sous les murs de cette ville. Belle-Isle est aux abois; la ville est prise, il ne reste plus que la citadelle, qui ne peut être secourue. Tout cela doit avancer les négociations à Londres et à Paris. J'ai l'honneur d'être, etc.

177. AU MARQUIS D'ARGENS.

Kunzendorf, 7 juin 1761.

Nous voici encore, mon cher marquis, dans la même situation qu'à notre arrivée. Ce profond calme pourra devenir le précurseur d'une tempête violente; la fin de ce mois paraît l'annoncer. Je suis préparé à tout, à la bonne comme à la mauvaise fortune. Chantez un petit hymne à cette fortune dont nous avons besoin d'être protégés. La reine de Hongrie est acharnée à la guerre; j'ai servi cinq ans de plastron aux traits de la cour de Vienne et à la barbarie de ses troupes et de ses alliés. Il est dur de souffrir toujours, et je sens que la vengeance peut être un plaisir divin, comme le disent les Italiens; il ne s'agit que d'en saisir le moment. Ma philosophie reçoit de si rudes assauts, qu'il y a des moments où elle s'échappe. On canoniserait quiconque, après avoir été outragé comme je le suis, aurait assez d'empire sur lui-même pour pardonner à ses ennemis sans dissimulation. Pour moi, qui cède ma place à qui la voudra dans la légende, je vous confesse que ma faible vertu ne saurait atteindre à cet état de perfection, et que je mourrais content, si je pouvais me venger en partie du mal que j'ai souffert. Il en sera ce qu'il plaira à mon bon ange,