<304>dant; car l'on ne sait pas ce qui peut arriver dans les années prochaines, et la personne dont je parle à V. M. s'est conduite cet été, dans une ou deux situations qui paraissaient délicates, avec l'approbation et à la grande satisfaction de tous les citoyens, et surtout de quelques-uns des plus utiles à l'État. V. M. aime la vérité, et ne trouve pas mauvais que les gens qu'elle connaît lui être dévoués de cœur et d'âme lui parlent sincèrement. Ainsi, Sire, je sais que V. M. ne désapprouvera pas que je prenne la liberté de lui dire naturellement ce que je pense à ce sujet. J'ai l'honneur d'être, etc.

205. AU MARQUIS D'ARGENS.

Breslau, 13 décembre 1761.

S'il ne s'agissait que de corriger mon Épître, les petits changements que vous exigez seraient faits bien vite. Il y a une multitude d'affaires à présent, qui toutes demandent une grande attention. J'ai répondu en chiffre à la personne dont vous m'avez fait écrire, et je m'en rapporte à votre commandant, qui vous en informera. Il ne manquait à ce siècle monstrueux que de voir Porporino père, pour réunir les contre-sens en politique comme en physique. Après tout ce que j'ai vu arriver, je m'attends à tout, et je ne m'étonne plus de rien. Je loge ici, marquis, parmi les décombres et les ruines, dans ma maison, dont quelques chambres sont raccommodées et les autres sens dessus dessous. Les livres qui me sont venus de Berlin sont ma consolation et mon amusement; je vis avec eux, et je borne là ma compagnie et mon passe-temps. J'ai lu les Beaux-arts réduits à un seul principe. Ce livre est plein de bonnes instructions pour les jeunes