<310> l'État, il jouira de ma protection; mais que, s'il lui arrive d'introduire de l'argent infâme dans le pays, et qu'on le lui confisque, il n'a qu'à s'en prendre à lui-même. L'écolier de Tartini a perdu sa corde, mon cher; comment jouera-t-il?a Vous voyez que mes conjectures de l'hiver passé ont été moins trompeuses que les vôtres; avec tout l'esprit que vous avez, vous vous tromperez plutôt dans vos présages sur certains sujets où la routine sert plus que la pénétration. Catt doit aller à Berlin; il partira d'ici le 10 janvier. Il vous mettra au fait de bien des choses. Il vous montrera une Épître sur l'origine du mal,b une ode,c la Mort de l'empereur Othond et celle de Caton.e Je vous avoue que l'on peut quitter le monde sans regret et même avec joie quand on se trouve dans des situations comme y sont de certaines gens, et lorsqu'on est persuadé de l'inconstance, de la fragilité des objets et des événements que nous désirons, et que l'on a appris à connaître toute la méchanceté et la turpitude de l'esprit humain. Je vous renvoie au Stoïcien, où je me suis assez étendu sur cela, et vous prie, mon cher marquis, de ne point changer de sentiments pour moi cette nouvelle année, et de compter sur mon amitié.

209. AU MÊME.

Breslau, 5 janvier 1762.

Vous demeurez toujours ferme dans vos anciens préjugés, et vous supposez, en bon catholique élevé dans l'école du merveilleux, que


a Voyez ci-dessus, p. 294, et t. XII, p. 233.

b Épître à M. Mitchell, sur Vorigine du mal, t. XII, p. 224-232.

c Ode à ma sœur de Brunswic sur la mort d'un fils tué en 1761, t. XII, p. 33-39.

d Voyez t. XII, p. 237-241.

e Voyez t. XII, p. 242-245.