<312> conduite, on ne peut que leur applaudir. Que de vains déclamateurs d'école aient pensé autrement, qu'ils aient sur ce sujet soutenu des paradoxes absurdes, ce n'est pas à quoi il faut s'attacher; et certes les personnes sensées seraient fort à plaindre, s'ils devaient réformer leurs jugements sur ceux de ces pédants de collége qui ont tâché de flétrir les plus belles actions et la magnanimité d'âme des anciens.

Voilà, mon cher marquis, le compte que je vous rends de mes lectures. Je souhaiterais de pouvoir vous entretenir sur des sujets qui vous fussent plus agréables; mais ma fluxion m'en empêche. Prenez soin de votre santé, ne m'oubliez pas, écrivez-moi quelquefois, et soyez persuadé de mon estime. Adieu.

210. AU MÊME.

(Breslau) 9 janvier (1762).

Le voyage de Catt est rompu par bien des raisons, dont vous pourrez, mon cher marquis, deviner quelques-unes. Je hasarde donc de vous envoyer ces deux morceauxa dont je le voulais charger pour vous. Je crains fort que vous ne les trouviez pas fort raciniens.b Jugez des circonstances dans lesquelles ils ont été composés, et vous aurez quelque indulgence pour la médiocrité du poëte. Vous voyez comme il faut faire usage de tout, et que notre amour-propre se sert souvent des rigueurs de la fortune pour excuser les défauts de talent. Enfin nous vivons encore, ennemis devant et derrière nous, ne tenant presque plus à rien. Nous ne sommes pas encore dévorés, et


a Le Discours de l'empereur Othon. et le Discours de Caton d'Utique, t. XII, p. 237-241, et p. 242-245.

b Voyez ci-dessus, p. 144.