<313> l'on veut même entrevoir quelque rayon d'espérance; mais je ne vous en parle pas. Végétons, cet hiver, comme nous pourrons, et je vous promets, si tout va bien, au printemps une belle ode; sinon, tenez-vous-en à ce que Caton vous dira. Voilà une étrange alternative; mais rien ne doit paraître tel dans nos jours maudits, rien ne me surprend plus, rien ne m'étonne, et je verrais le ciel tomber sans peut-être y faire attention. N'en êtes-vous pas logé là? Il me semble que vous devez penser à peu près comme moi, si vous réfléchissez sur tout ce que vous avez vu. Il ne me reste plus qu'un pas à faire, et je serais digne de la Trappe; mais l'impossibilité d'y croire rend ma vie sédentaire utile seulement pour mes réflexions et pour l'état présent où je me trouve. Il est en vérité impossible de vous écrire d'ici des choses gaies et bonnes à vous épanouir la rate. Les Jeux et les Plaisirs n'ont pas établi, cet hiver, leur séjour à Breslau; si j'en excepte la jeunesse, qui se divertit à bon compte, et qui n'a point de lorgnettes pour l'avenir, tout ce qui pense mène une vie de chartreux. Leipzig faisait, l'année passée, un carnaval brillant en comparaison de celui-ci. Il me manque ma meilleure pièce, mon cher marquis, de sorte que je suis réduit absolument avec moi-même. Vous trouvez que c'est en assez mauvaise compagnie. Cependant, mon cher marquis, ne vous pendez pas encore, et attendez de moi, au préalable, un petit avis avant d'en venir à cette résolution. Adieu, mon cher; je vous embrasse. Souvenez-vous, puisqu'il faut que le jus d'absinthe soit amer, qu'il faut aussi dans ces circonstances que mes lettres soient tristes.