<35> de quarante ans, et assez laide. Je ne sais, au reste, si elle est bonne ou mauvaise. Ce qui me donne une faible idée de ses talents, c'est qu'elle est depuis plus de huit mois sur le pavé de Paris, sans trouver aucune troupe. Il me paraît qu'on arrête un peu trop aisément des sujets pour le service de V. M. sans les examiner, et surtout qu'on dispose bien libéralement de sa bourse.

Un certain Loinville, qui est venu me voir, m'a dit qu'on avait écrit pour lui, et qu'il demandait huit mille livres; j'ai plié les épaules, et je lui ai tourné le dos. Je connais ce Loinville, et l'ai vu en Provence il y a près de trente ans; c'est un bon comédien de province, et puis c'est tout; inférieur à Favier, et supérieur aux autres que nous avons.

M. Petit m'a fait voir une femme qu'il voulait engager pour jouer les rôles de reine, les caractères. Elle n'est pas d'une figure brillante, ni même jolie; mais elle n'est pas bien laide. Je l'ai entendue déclamer quelques vers avec bon sens, et elle a joué une scène comique avec beaucoup de feu. Elle voulait mille écus; j'ai mis cela à six cents écus, et j'ai signifié à M. Petit que je ne signerais pas autrement son engagement. Je regarde cela comme une affaire faite, et V. M. l'aura à son service.

Petit m'a encore présenté deux jeunes gens pour jouer des confidents dans le tragique et des seconds amoureux; j'en ai été extrêmement content. Ils sont jeunes, d'une jolie figure, ils ont de la voix et de l'intelligence; je les ai entendus déclamer deux ou trois scènes, et, quoiqu'ils ne se donnent que pour des confidents, je les ai trouvés aussi bons et peut-être meilleurs que Desforges et Rosemberg; du moins ils jouent avec plus d'esprit et de vérité. Je leur ai offert quatre cents écus, et j'ai déclaré qu'autrement je ne prenais aucune part à leur engagement. Nous trouverons dans le courant de la semaine les deux confidentes dont nous avons encore besoin pour rendre la troupe de Berlin la plus complète et la meilleure de l'Eu-