<350> nos armées. Juillet et août seront les mois de nos plus grands progrès; tous les pas que nous ferons nous achemineront à la paix et à la félicité de notre pauvre nation. Je commence à me flatter que je trouverai du baume pour nos plaies, ou de l'onguent pour la brûlure, comme vous voudrez. Adieu, mon cher marquis. On n'est pas en état de mander souvent des nouvelles de cette importance; je vous les donne avec plaisir, persuadé comme je le suis de la part que vous prenez à ce qui me regarde et à la prospérité du pays que je gouverne. Je vous embrasse, et je me flatte sérieusement de vous revoir à Sans-Souci. Adieu.

238. DU MARQUIS D'ARGENS.

Berlin, 3 mai 1762.



Sire,

Votre Majesté aura pu juger d'avance de la joie que j'aurais en recevant la dernière lettre qu'elle m'a fait l'honneur de m'écrire. J'ai été d'autant plus charmé, que, connaissant tout le bien qui pouvait arriver de l'Orient, je n'avais jamais été persuadé que ce bonheur nous arrivât. C'est à présent, Sire, qu'il faut songer à conserver votre santé, pour achever de conduire toutes les choses à leur perfection, et venir ensuite se tranquilliser à Sans-Souci et se refaire de toutes les fatigues énormes que vous avez essuyées, depuis six ans, sans relâche.

Je n'ai aucune nouvelle littéraire à faire savoir à V. M., mais deux qui prouvent que les méchants sont quelquefois punis, s'ils ne le sont pas toujours. La Pompadour a perdu un œil, et l'autre aura bientôt le même sort. Cette femme aura le destin d'Œdipe; c'est toujours