<399> et la bonne foi de l'Angleterre perdue auprès de tous les princes qui pourraient être tentés de s'allier avec elle. Après l'exemple de la paix d'Utrecht et de celle-ci, si elle a lieu, qui pourra jamais se fier aux Anglais? Enfin, quoi qu'il en arrive, prenons Schweidnitz, et nous verrons ensuite comment les choses iront. Toute l'Europe a les yeux sur ce siége, et sa fin peut arranger les choses d'une manière bien différente, selon qu'elle sera heureuse ou malheureuse. Je ne doute point qu'elle ne tourne à nos souhaits, et que, avant la mauvaise saison, cette difficile expédition ne soit enfin terminée. J'ai l'honneur, etc.

271. DU MÊME.

Berlin. 14 octobre 1762.



Sire,

Les voilà donc arrivés, ces postillons reçus avec tant de plaisir. Au premier coup de leurs cornets, ma poularde et mon dindon ont été occis, et nous les mangeons ce soir, en buvant de grandes rasades de vin à la santé de V. M. J'avais aussi certain jambon dans un garde-manger, destiné à la même fête, qui fera un grand ornement sur la table entourée de nos principaux académiciens, qui sont de très-bons citoyens, qui aiment plus votre gloire et votre mémoire immortelle que celle de tous les philosophes passés, présents et futurs.

Vous nous avez tous réjouis, et moi, en vous envoyant un nouvel ouvrage que j'ai fait,a je crains bien de vous ennuyer. Je me suis cependant efforcé de le faire le moins mauvais que j'ai pu; je l'ai tra-


a Cet ouvrage est intitulé : Timée de Lucres en grec et en français, avec des dissertations sur les principales questions de la métaphysique, de la physique et de la morale des anciens, qui peuvent servir de suite et de conclusion à la Philosophie du bon sens, par M. le marquis d'Argens. A Berlin, 1763, quatre cent cinq pages in-8.