<413> de choses bien admirable pour me faire passer dessus le vieux langage suranné et la grossièreté jointe à l'incorrection de vos vieux auteurs français.

Vous me parlez des événements de Saxe, et je vous réponds qu'ici notre campagne est finie, que peut-être il se passera encore quelque chose là-bas, mais que je ne saurais vous dire quoi, ni quel tour cela prendra, parce que je ne suis ni inspiré ni sorcier. Ne vous inquiétez point sur votre voyage; suffit que vous vouliez me faire le plaisir de me joindre, je n'exigerai rien au delà de vos forces. Je suis modeste dans mes prétentions, et je me restreins aux règles des vingt lieues, comme les auteurs dramatiques à celle des vingt-quatre heures. Vous pouvez facilement traiter avec moi; rempli d'accortise comme je le suis, je ne veux ma satisfaction qu'en tant qu'elle s'accorde avec votre santé et vos arrangements domestiques. Ces deux tableaux que vous me demandez sont à vous; vous n'avez qu'à les prendre, en montrant ma lettre à quiconque sait assez de français pour la lire. Nous raisonnerons, lorsque nous nous reverrons, de politique, de guerre, de balourdises, de bévues, et de toutes les sottises qui se sont faites en Europe, pendant deux ans, par cette espèce raisonnable, à deux pieds, sans plumes, et qui l'est si peu; nous disserterons de belles-lettres, nous vilipenderons les tondus, et nous philosopherons, car c'est ce qui nous convient le mieux, surtout à moi, qui me trouve si souvent dans le cas de mettre ma philosophie aux épreuves de tous les revers auxquels ma vie errante l'expose. Mais pourquoi purgez-vous toujours, mon cher marquis? Vos boyaux sont-ils relâchés? N'y a-t-il pas moyen de radouber votre corps et de lui donner une consistance de santé compatible avec votre âge? Vous mangez trop; philosophie à part, vous êtes un peu glouton. L'estomac accablé de nourriture perd à la longue la faculté de digérer. Puis vous vous médicamentez trop, et ne faites presque aucun exercice. Si j'osais me mêler de votre régime et le réformer, appuyé du crédit et des