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45. AU MÊME.

Grüssau, 10 août (1708).

Vous pouvez aller à Hambourg, mon cher marquis, en toute sûreté, y recueillir le peu d'effets qui vous reviennent de la succession paternelle. Pour moi, je m'en vais m'opposer à tous nos ennemis. Il ne me manque que les cent bras de Briarée pour pouvoir effectuer sur ce sujet tout ce que je désire. Vous vous conduisez comme les citoyens romains durant la seconde guerre punique, où l'on vendait publiquement à Rome, comme en temps de paix, les champs et les maisons de campagne qu'Annibal occupait avec les Carthaginois. C'est à nous autres à imiter Scipion l'Africain, si nous le pouvons, ou bien la comparaison clochera furieusement. Enfin, mon cher marquis, donnez-vous patience ce mois-ci et le prochain, et j'espère que nos grandes querelles seront décidées avant la chute des feuilles. Adieu, mon cher : je vous souhaite un bon voyage, et vous prie de dire une petite oraison pour les âmes de vos amis qui sont en purgatoire.

46. AU MÊME.

(Lübben) 6 septembre 1758.

J'ai reçu votre lettre de Hambourg, mon cher marquis. Je n'ai pas douté de la part que vous prendriez à la défaite des Russes. Iwan, le grand Iwan,a lieutenant-général des barbares, avec beaucoup d'autres, est notre prisonnier. Mais, mon cher, la multitude de mes ennemis


a Iwan Soltykoff.