<73>Vos freluquets ont fait tout plein d'impertinences à Berlin. Les gens sages font honneur à la France; mais qu'ils se font acheter cher par les impertinences et par toutes les extravagances que commettent leurs jeunes compatriotes!

Adieu, mon cher; écrivez-moi tant que vos mains ne seront pas aussi affligées que vos jambes, et soyez persuadé de mon amitié.

55. DU MARQUIS D'ARGENS.

Berlin, 5 mai 1759.



Sire,

J'ai reçu les vers que Votre Majesté m'a fait la grâce de m'envoyer. Comment peut-on être occupé du commandement d'une armée de cent mille hommes, et trouver encore le temps de faire des vers aussi ingénieux et infiniment plus corrects que ceux de La Fare et de Chaulieu? Vous exécutez tout ce que vous voulez, et je crois que, si vous en aviez la fantaisie, vous feriez en même temps un admirable plan de bataille et un sermon aussi beau que le sont ceux de Saurin. J'avais déjà vu dans tous les papiers publics cette toque et cette épée que le pape a envoyées au maréchal Daun. Je voulais engager le gazetier de Berlin à mettre dans sa gazette que le prince Ferdinand attendait de Londres un chapeau et une épée bénits par l'archevêque de Cantorbéry, et qu'on ne doutait point, chez tous les protestants, que la bénédiction de Cantorbéry ne fût plus efficace que la romaine. Il faudrait accabler de plaisanteries les Autrichiens et les Français; ces gens-là publient cent sottises qui font beaucoup d'impression, et on les laisse faire. Au lieu de tant de mauvais sermons que font nos ministres, pourquoi ne prennent-ils pas occasion d'écrire une lettre pastorale dans laquelle ils feraient voir la ruine entière du protestan-