<80> ces pièces entre les mains. Je me moquerai de cette infâme canaille tant que je respirerai, et, si je ne puis les battre, du moins les déchirerai-je du bec, et les ferai enrager, en tant qu'il sera en mon pouvoir. Ces gens sont tous pétris de ridicules et de sottises; il ne s'agit que de les relever, et cela se peut faire en les accablant de louanges et en ne leur disant rien de moquant. Le Bien-Aimé, la carogne apostolique et la p..... grecque me font tant de mal, qu'il n'y a aucun ménagement à garder avec eux. Je n'épargnerai ni plume ni encre pour leur lâcher quelque trait qui les désespère, et vous aussi. Fortifié de cet appui, je serai comme Philoctète lorsqu'il combattait à côté d'Hercule. Je terrasserai tous ces monstres et cette hydre d'ennemis renaissants qui s'élancent sans cesse contre moi. Adieu, mon cher marquis; travaillez bien contre ces suppôts de l'infâme. Aimez-moi un peu; je vous embrasse de tout mon cœur.

59. DU MARQUIS D'ARGENS.

Berlin, 17 mai 1759.



Sire,

Je n'ai jamais rien lu d'aussi plaisant que votre Bref du pape et votre Lettre du prince de Soubise; je suis persuadé que les ennemis mêmes de V. M. seront forcés d'avouer qu'on ne peut rien voir de plus ingénieux.

J'ai changé le plan de mon ouvrage, et le titre. Je prendrai celui-ci, qui me paraît plus intéressant et plus conforme à mon idée : Mémoires de l'Académie des nouvellistes du café de Saint-James. Je feindrai que quelques Anglais ont formé une société dans laquelle chacun est obligé de lire à toutes les assemblées quelques pièces politiques. Voilà