<XVIII>verains. Les cas de rompre les alliances sont ceux : 1o où l'allié manque à remplir ses engagements; 2o où l'allié médite de vous tromper, et où il ne vous reste de ressource que de le prévenir; 3o une force majeure qui vous opprime et vous force à rompre vos traités; 4o enfin, l'insuffisance des moyens pour continuer la guerre : par je ne sais quelle fatalité, ces malheureuses richesses influent sur tout, et les princes sont les esclaves de leurs moyens; l'intérêt de l'État leur sert de loi, et elle est inviolable. Si le prince est dans l'obligation de sacrifier sa personne même au salut de ses sujets, à plus forte raison doit-il leur sacrifier des liaisons dont la continuation leur deviendrait préjudiciable. Les exemples de pareils traités rompus se rencontrent communément dans l'histoire : notre intention n'est pas de les justifier tous; j'ose pourtant avancer qu'il en est de tels, ou que la nécessité ou la sagesse, la prudence ou le bien des peuples obligeait de transgresser, ne leur restant que ce moyen-là d'éviter leur ruine. Si François Ier avait accompli le traité de Madrid, il aurait, en perdant la Bourgogne, établi un ennemi dans le cœur de ses États : c'était réduire la Fiance dans l'état malheureux où elle était du temps de Louis XI et de Louis XII. Si après la bataille de Mühlberg, gagnée par Charles-Quint, la ligue protestante d'Allemagne ne s'était pas fortifiée de l'appui de la France, elle n'aurait pu éviter de porter les chaînes que l'Empereur lui préparait de longue main. Si les Anglais n'avaient pas rompu l'alliance si contraire à leurs intérêts, par laquelle Charles II s'était uni avec Louis XIV, leur puissance courait risque d'être diminuée, d'autant plus que,