<138> n'en connais point de plus précieuse ni de plus glorieuse pour moi. Mon amour-propre s'en trouve trop flatté. Enfin je m'y perds, et n'y trouve aucune raison à m'en attribuer les acquis; car, Sire, avec toute la science que possède V. M. du caractère des hommes, vous ne sauriez pénétrer les replis de mon cœur, ce qui seul néanmoins pourrait me consoler et tenir lieu de quelque chose, ne pouvant d'ailleurs vous prouver la réalité de mes sentiments.

Ma santé est bonne, Sire, puisque je ne sens aucun mal; je dors passablement bien, l'appétit est de même, grâce au chocolat et au quinquina de V. M., auxquels je l'attribue. C'est là le bon côté. Celui qui lui est opposé, ce sont les jambes, les hanches, la poitrine et la voix, que la moindre agitation met hors d'œuvre.

Je ne suis plus bon à rien, et rien ne m'est plus convenable que la vie de chanoine et le repos; ajoutez pour combler vos grâces, Sire, celle de m'en faire jouir pour le reste de mes jours. Je chanterai des horas à votre gloire et pour la prospérité de votre incomparable personne jusqu'au dernier instant de ma vie. Je suis, etc.

19. AU BARON DE L. M. FOUQUÉ.

(Sans-Souci) 30 juillet 1763.

Si ce que je vous ai envoyé vous a été agréable, c'était ce que j'avais le plus souhaité; c'était le but, mon cher, que je m'étais proposé.

Vous vous étonnez que je vous aime. Vous devriez plutôt vous étonner si je n'aimais pas un officier de réputation, honnête homme, et de plus mon ancien ami.

Je voudrais que votre santé se remît tout à fait, et je vous avoue