45. DE M. DARGET.

Paris, 25 juin 1764.



Sire,

Si l'on en croit les nouvelles publiques, la vie de Votre Majesté a été dans le plus grand danger. Mon attachement éternel, si respectueux et toujours le plus sincère pour V. M. m'a fait frémir de cet accident. Mon Dieu, Sire, ménagez-vous donc, et ne vous dérobez point aux précautions qui peuvent y contribuer. Si V. M. daigne se ressouvenir combien elle permettait à mon zèle de lui parler quelquefois sur cet objet, que je lui ai toujours vu trop négliger, elle me pardonnera d'oser lui montrer encore mon inquiétude et mes terreurs. Nous en avons fait avant-hier, M. d'Alembert et moi, l'entretien intéressant de notre soirée. Vous étiez, Sire, avec des âmes honnêtes et qui vous aiment; V. M. daigne-t-elle les aimer toujours? Je n'intéresse pas, pour mon personnel, V. M. par une grande célébrité; mais j'ai celle que vos bontés, Sire, et le contentement que vous avez bien voulu montrer de mes services, m'ont donnée, et, en en rappelant les époques à V. M., je ne fais que lui rappeler ses bienfaits.

<80>J'ose toujours espérer la continuation des bontés et de la protection de V. M.; ma respectueuse confiance est fondée, Sire, sur la connaissance que j'ai de votre cœur et sur celle que V. M. a du mien. Je suis avec le plus profond respect, etc.80-a


80-a M. de Catt, dans les papiers de qui nous avons trouvé cette lettre, fut chargé d'y répondre. Le Roi avait écrit de sa main au dos : « Faites-lui des compliments obligeants de ma part.Federic. »