7. MYLORD MARISCHAL A SON FRÈRE LE FELD-MARÉCHAL KEITH.

Le 12 février 1756.

Hospodin General, j'ai écrit au Roi par ce courrier, le priant de me donner mon congé. Je lui dis seulement que je me trouve trop chargé d'affaires, et que je serai toujours reconnaissant (ce qui est bien vrai) de sa bonté de m'avoir donné une douce retraite dans mes vieux jours, mais que l'effet ne répond pas à son intention par la situation et train d'affaires du pays; et il est sûr que j'en ai trop. Je vois chaque jour de nouvelles raisons à me déterminer au parti d'une retraite absolue : mon âge, mon peu de connaissances en affaires de procès et de droit, les embarras des priviléges mal expliqués, et puis l'impossibilité de contenter les ministres. Je viens de recevoir un<293> rescrit, par ordre exprès du Roi, qui dit : « Quoique vous m'ayez assuré par votre très-humble rapport du ...... que le magistrat de Neufchâtel n'ait pas accordé depuis votre arrivée dans le pays le droit de bourgeoisie dudit lieu à personne, et que mes hauts intérêts ne soient pas négligés à cet égard, j'ai pourtant vu, par un placet que Jonas Gélieu, etc. m'a envoyé, etc., qu'un jeune étranger, qui en a offert deux mille écus, a acheté, depuis, cette bourgeoisie. » Puis on ajoute : « Vous aurez soin de vous informer et de me mander qui est ce jeune étranger, et si ledit magistrat lui a accordé le droit de bourgeoisie sans ma permission préalable, que je ne me souviens pas d'avoir donnée, et que je me suis réservée expressément, moyennant un rescrit en date ...... 1750. » Je n'entre point en dispute sur ceci avec les ministres; j'envoie simplement un certificat du chancelier et un autre du secrétaire de la ville, qu'il ne s'en est pas fait de bourgeois, et que par conséquence j'ai dit vrai. Je me contenterai de la polenta et de ne point être obligé de passer ma vie qui me reste à m'excuser sur des choses où je ne crois pas avoir tort, et je me retirerai en même temps d'un emploi où, avec les meilleures intentions du monde, je pourrais, par ignorance, avoir souvent tort.

Si mes affaires avaient été rangées de chez moi un peu mieux, j'aurais resté ici; mais, ne l'étant pas, je ne connais qu'à Saint-Marc où je pourrais vivre.