<19> n'exigerai de vous que de rendre mes hommages à ce prodige d'esprit et de connaissances. Que de pareilles femmes sont rares!

Soyez persuadé, monsieur, que je connais tout le prix de votre estime, mais que je me souviens en même temps d'une leçon que me donne la Henriade :

C'est un poids bien pesant qu'un nom trop tôt fameux,a

Peu de personnes le soutiennent; tous sont accablés sous le faix.

Il n'est point de bonheur que je ne vous souhaite, et aucun dont vous ne soyez digne. Cirey sera désormais mon Delphes, et vos lettres, que je vous prie de me continuer, mes oracles. Je suis, monsieur, avec une estime singulière, votre très-affectionné ami.

4. AU MÊME.

Remusberg, 7 novembre 1736.

Monsieur, je suis infiniment sensible à l'honneur que vous me faites de placer mon nom à la tête du bel ouvrage que vous venez de m'envoyer.b La matière qu'il renferme et la façon dont vous la tournez m'est si avantageuse, que je suis obligé d'avouer que l'on ne peut mieux confier le soin de sa renommée qu'entre vos mains. Les devoirs d'un roi sage et éclairé, le code du pape et des sept cardinaux, et l'histoire de la pédante érudition du roi Jacques d'Angleterre, sont


a La Henriade. chant III. v. 41. Frédéric a aussi inséré ce vers dans sa lettre à Darget, du 31 juillet 1752. Voyez t. XX, p. 38.

b Épître LV. Au Prince royal de Prusse. De l'usage de la science dans les princes. Voyez les Œuvres de Voltaire, édit. Beuchot, t. XIII, p. 127.