<282> calomnie qui est de Michel-Ange, et un de la jeunesse qui est de l'Albane. Que V. A. R. redouble bien vivement l'envie que nous avons de lui faire notre cour! Nous nous arrangeons pour partir au mois d'avril, et il faudra que je sois bien malheureux, si des frontières de Juliers je ne trouve pas un petit chemin qui me conduira aux pieds de V. A. R. Qu'elle me permette de l'instruire que probablement nous resterons une année dans ces quartiers-là, à moins que la guerre ne nous en chasse. Madame du Châtelet compte retirer tous les biens de sa maison qui sont engagés; cela sera long, et il faut même essuyer à Vienne et à Bruxelles un procès qu'elle poursuivra elle-même, et pour lequel elle a déjà fait des écritures avec la même netteté et la même force qu'elle a travaillé à cet ouvrage du Feu. Quand même ces affaires-là dureraient deux années, n'importe; il faudrait abandonner Cirey pour deux années; les devoirs et les affaires sérieuses marchent avant tout. Et comment regretterait-on Cirey, quand on sera plus proche de Clèves et d'un pays qui sera probablement honoré de la présence de V. A. R.? Ainsi peut-être, monseigneur, supplierons-nous V. A. R. de suspendre l'envoi de ce bon vin dont votre générosité veut me faire boire; il y a apparence que j'irai boire longtemps du vin du Rhin, entre Liége et Juliers. V. A. R. est trop bonne; elle a consulté des médecins pour moi, et elle daigne m'envoyer une recette qui vaut mieux que toutes leurs ordonnances.

Ma santé serait rétablie,
Si je me trouvais quelque jour
Près d'un tonneau de vin d'Hongrie,
Et le buvant à votre cour,
Mais le buvant près d'Émilie.

Je suis avec le plus profond respect, avec admiration, avec la tendresse que vous me permettez, etc.