<32> déplu, me deviendra une terre sacrée, puisqu'elle vous contient. Mes vœux vous suivront partout, et la parfaite estime que j'ai pour vous, étant fondée sur votre mérite, ne cessera que quand il plaira au Créateur de mettre fin à mon existence. Ce sont les sentiments avec lesquels je suis, monsieur, etc.

9. DE VOLTAIRE.

Leyde, janvier 1737.



Monseigneur,

Si j'étais malheureux, je serais bientôt consolé. On m'apprend que V. A. R. a daigné m'envoyer son portrait; c'est ce qui pouvait jamais m'arriver de plus flatteur, après l'honneur de jouir de votre présence. Mais le peintre aura-t-il pu exprimer dans vos traits ceux de cette belle âme à laquelle j'ai consacré mes hommages? J'ai appris que M. Chambriera avait retiré le portrait à la poste; mais sur-le-champ madame la marquise du Châtelet, Émilie, lui a écrit que ce trésor était destiné pour Cirey. Elle le revendique, monseigneur; elle partage mon admiration pour V. A. R.; elle ne souffrira pas qu'on lui enlève ce dépôt précieux; il fera le principal ornement de la maison charmante qu'elle a bâtie dans son désert. On y lira cette petite inscription : Vultus Augusti, mens Trajani.

Apparemment, monseigneur, que le bruit du présent dont vous m'avez honoré a fait croire que j'étais en Prusse. Toutes les gazettes le disent; il est douloureux pour moi que, en devinant si bien mon goût, elles aient si mal deviné mes marches. Vous ne doutez pas,


a Le baron de Chambrier, envoyé de Prusse à Paris. Voyez t. III, p. 44 et t. XIX. p. 15 et suivantes.