<33> monseigneur, de l'envie extrême que j'ai d'aller vous admirer de plus près; niais j'ai déjà eu l'honneur de vous mander qu'une occupation indispensable me retenait ici. C'est pour être plus digne de vos bontés, monseigneur, que je suis à Leyde; c'est pour me fortifier dans les connaissances des choses que vous favorisez. Vous n'aimez que les vérités, et j'en cherche ici. Je prendrai la liberté d'envoyer à V. A. R. la petite provision que j'aurai faite; vous démêlerez d'un coup d'œil les mauvais fruits d'avec les bons.

En attendant, si V. A. R. veut s'amuser par une petite suite du Mondain, j'aurai l'honneur de l'envoyer incessamment; c'est un petit essai de morale mondaine où je tâche de prouver avec quelque gaîté que le luxe, la magnificence, les arts, tout ce qui fait la splendeur d'un État, en fait la richesse, et que ceux qui crient contre ce qu'on appelle le luxe ne sont guère que des pauvres de mauvaise humeur. Je crois qu'on peut enrichir un État en donnant beaucoup de plaisir à ses sujets. Si c'est une erreur, elle me paraît jusqu'ici bien agréable. Mais j'attendrai le sentiment de V. A. R. pour savoir ce que je dois en penser. Au reste, monseigneur, c'est par pure humanité que je conseille les plaisirs; le mien n'est guère que l'étude et la solitude. Mais il y a mille façons d'être heureux. Vous méritez de l'être de toutes : ce sont les vœux que je fais pour vous, etc.

10. A VOLTAIRE.

Berlin, janvier 1737.a

Non, monsieur, je ne vous ai point envoyé mon portrait; une pareille manie ne m'est jamais venue dans l'esprit. Mon portrait n'est


a Le 16 janvier 1737. (Variante des Œuvres posthumes, t. VIII, p. 240.)