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Sous les yeux d'Émilie, élève de Newton,
Vous effacez de Thou, vous surpassez Maron.
En tout genre d'écrits, en toute carrière,
C'est le même soleil et la même lumière.
Cet esprit, ces talents, ces qualités du cœur,
Peuvent plus sur mes sens que tout ambassadeur.a

Je suis avec une estime parfaite, mon cher Voltaire, etc.

Si vous voyez le duc d'Aremberg, faites-lui bien mes compliments, et dites-lui que deux lignes françaises de sa main me feraient plus de plaisir que mille lettres allemandes dans le style des chancelleries.b

96. DE VOLTAIRE.

(Bruxelles) 12 août 1739.

Monseigneur, j'ai pris la liberté d'envoyer à Votre Altesse Royale le second acte de Mahomet, par la voie des sieurs David Girard et compagnie. Je souhaite que les Musulmans réussissent auprès de V. A. R., comme ils font sur la Moldavie. Je ne puis au moins mieux prendre mon temps pour avoir l'honneur de vous entretenir sur le chapitre de ces infidèles, qui font plus que jamais parler d'eux.

Je crois à présent V. A. R. sur les bords où l'on ramasse ce bel ambre dont nous avons, grâce à vos bontés, des écritoires, des sonnettes, des boîtes de jeu. J'ai tout perdu au brelan quand j'ai joué


a Ces quatre derniers vers sont tirés des Œuvres posthumes, t. IX, p. 65.

b Voyez ci-dessus, p. 295, 334 et 343, et plus bas, p. 351. Nous n'avons pu réussir à nous procurer la correspondance de Frédéric avec le duc d'Aremberg.