<422>Parlent par votre bouche, et nous donnent des lois;
Vous régnez sur les cœurs, et surtout sur vous-même.
Faut-il à votre front un autre diadème?
A la laide coquette il faut des ornements,
A tout petit esprit des dignités, des places;
Le nain monte sur des échasses;
Que de nains couronnés paraissent des géants!
Du nom de héros on les nomme;
Le sot s'en éblouit, l'ambitieux les sert,
Le sage les évite, il n'aime qu'un grand homme;
Ce grand homme est à Remusberg.

J'ai fait partir, monseigneur, pour cette délicieuse retraite un gros paquet qui vaut mieux que tout ce que je pourrais envoyer à V. A. R. C'est la philosophie leibnizienne d'une Française devenue Allemande par son attachement à Leibniz, et bien plus encore par celui qu'elle a pour vous.

Voici le temps où j'aurais une grande envie de voir un second tome des sentiments d'un certain membre du parlement d'Angleterrea sur les affaires de l'Europe; il me semble que celles d'Angleterre, de Suède et de Russie méritent bien l'attention de ce digne citoyen. Voilà la Suède, de menaçante qu'elle était autrefois, devenue mesurée; la voilà embarrassée de sa liberté, et indécise entre l'argent d'Angleterre et celui de France, comme l'âne de Buridan entre deux mesures d'avoine. Mais le citoyen dont je parle ne me donnera-t-il aucune permission sur l'Antimachiavel? S'il veut en gratifier le public, il y a si peu de chose à faire, il n'y a plus que la besogne d'éditeur; votre génie a fait tout ce qu'il faut. Le reste ne peut s'ajuster que quand on confrontera le texte de Machiavel pour le mettre vis-à-vis de la réponse, afin d'en faire un volume qui ne soit pas trop gros.

J'attends vos ordres pour tout, excepté pour vous admirer.


a Voyez ci-dessus, p. 216, 242 et 243.