<82> des coliques et des fièvres m'ont tellement fatigué, que Phébus est demeuré inexorable aux prières que je lui ai faites de m'inspirer son feu divin.

Remusberg est la seule où je voudrais aller.

Ce vers m'a causé le plus grand plaisir du monde; je l'ai lu plus de mille fois. Ce serait une apparition bien rare dans ce pays qu'un génie de votre ordre, un homme libre de préjugés, et dont l'imagination est gouvernée par la raison. Quel bonheur pourrait égaler le mien, si je pouvais nourrir mon esprit du vôtre, et me voir guidé par vos soins dans le chemin du vrai bien?

Je ne vous ai donné l'histoire de Rémus que pour ce qu'elle vaut. Les origines des nations sont pour la plupart fabuleuses; elles ne prouvent que l'antiquité des établissements. Mettez l'anecdote de Rémus à côté de l'histoire de la sainte ampoule et des opérations magiques de Merlin.

Les antiquaires à capuchon ne seront jamais ni mes historiographes, ni les directeurs de ma conscience. Que votre façon de penser est différente de ces suppôts de l'erreur! Vous aimez la vérité, ils aiment la superstition; vous pratiquez les vertus, ils se contentent de les enseigner; ils calomnient, et vous pardonnez. Si j'étais catholique, je ne choisirais ni saint François d'Assise, ni saint Bruno pour mes patrons. J'irais droit à Cirey, où je trouverais des vertus et des talents supérieurs en tout genre à ceux de la haire et du froc.

Ces rois sans amitié et sans retour, dont vous me parlez, me paraissent ressembler à la bûche que Jupiter donna pour roi aux grenouilles.a Je ne connais l'ingratitude que par le mal qu'elle m'a fait. Je peux même dire, sans affecter des sentiments qui ne me sont pas naturels, que je renoncerais à toute grandeur, si je la croyais incompatible avec l'amitié. Vous avez bien votre part à la mienne. Votre


a La Fontaine, Fables, liv. III, fable IV.