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253. AU MÊME.a

Avril (janvier) 1750.

Quoi! vous envoyez vos écrits
Au frondeur de Sémiramis,
A l'incrédule qui de l'ombre
Du grand Ninus n'est point épris,
Qui, sur un ton caustique et sombre,
Ose juger vos beaux esprits!
Ce trait désarme ma colère;
Enfin je retrouve Voltaire,
Ce Voltaire du temps jadis,
Qui savait aimer ses amis,
Et qui surtout savait leur plaire.

Voilà une lettre comme j'en recevais autrefois de Cirey; je redouble d'envie de vous revoir, de parler de littérature, et de m'instruire des choses que vous seul pouvez m'apprendre. Je vous fais mes remercîments de votre nouvelle édition : comme je savais vos vieilles épîtres par cœur, j'ai reconnu toutes les corrections et additions que vous y avez faites; j'en ai été charmé. Ces épîtres étaient belles; mais vous y avez ajouté de nouvelles beautés, et surtout quelques transitions qui lient mieux les matières. Ne serait-ce point une faute d'impression que cet endroit de l'Épître de Maurepas que voici :

Il fut cent fois moins fou que ceux dont l'imprudence
Dans d'indignes mortels a mis sa confiance.

Ne faudrait-il pas ont et leur? Pardon de ces vétilles grammaticales, mais j'aspire au purisme, et je veux m'instruire.b


a Cette lettre se trouve aussi dans notre t. XI, p. 168-171.

b Le passage qui commence par « et surtout, » et qui finit par « m'instruire, » manque dans l'édition de Kehl. Nous le tirons de notre onzième volume, où cette lettre a été imprimée d'après les Œuvres du Philosophe de Sans-Souci, 1750, t. III, p. 217-222.