<205> ne s'appelle pas mon oint, car il n'est pas oint; mais il est mon fils et mon image, et je lui ai dit : Mon fils, ce n'est pas assez d'avoir fait de tes ennemis l'escabeau de tes pieds,a et d'avoir donné des lois à ton pays; il faut encore que tu chasses pour jamais la superstition de ce globe.

Et le grand Frédéric a répondu à Jéhovah : Je l'ai chassé de mon cœur, ce monstre de la superstition, et du cœur de tout ce qui m'environne; mais, mon père, vous avez arrangé ce monde de manière que je ne puis faire le bien que chez moi, et même encore avec un peu de peine. Comment voulez-vous que je donne du sens commun aux peuples de Rome, de Naples et de Madrid?

Jéhovah alors a dit : Tes exemples et tes leçons suffiront; donnes-en longtemps, mon fils, et je ferai croître ces germes qui produiront leur fruit en leur temps.

Et le grand prophète a répondu : O Jéhovah! vous êtes bien puissant, mais je vous défie de rendre tous les hommes raisonnables. Croyez-moi, contentez-vous d'un petit nombre d'élus; vous n'aurez jamais que cela pour votre partage.

432. A VOLTAIRE.

Berlin, 29 janvier 1771.b

En lisant votre lettre, j'ai cru que la correspondance d'Ovide avec le roi Cotys continuait encore,c si je n'avais vu le nom de Voltaire


a Psaume CIX, v. 1, selon la Vulgate. (Psaume CX, selon la traduction de Luther.)

b Berlin, 19 janvier 1771. (Variante de la traduction allemande des Œuvres posthumes, t. IX, p. 340.) Le 29 janvier, Frédéric n'était pas à Berlin, mais à Potsdam.

c Dans ses Épîtres écrites du Pont, liv. II, ép. 9, Au roi Cotys, Ovide implore le secours de ce prince.