<315> grâce à des barbares en démence, si cette grâce n'était pas nécessaire pour lui faire recueillir un héritage qu'il attend.

Quoi qu'il arrive, il restera chez moi jusqu'à ce que son affaire soit finie ou manquée, et il profitera de la permission que V. M. lui a donnée. Il reviendra à son régiment le plus tôt qu'il pourra, et le jour que vous prescrirez.

Je remercie V. M. d'avoir daigné me l'envoyer. Je me suis attaché à lui de plus en plus, et sa passion de vous servir toujours est une des plus fortes raisons des sentiments que j'ai pour lui. J'ose vous assurer que personne n'est plus digne de votre protection; la pitié que son horrible aventure vous inspire fera la consolation de sa vie, si malheureusement commencée, et qui finira heureusement sous vos ordres. La mienne est accablée des plus grandes infirmités; vos bontés en adoucissent l'amertume, et je la finirai avec des sentiments qui ont toujours été invariables, avec le plus profond respect pour V. M., et, j'ose le dire, avec le plus tendre attachement pour votre personne.

Le vieux malade de Ferney.

488. A VOLTAIRE.

Potsdam, 15 mai 1774.

Morival vous a les plus grandes obligations. Sans le connaître, son innocence seule a plaidé pour lui; et, rougissant de la barbarie des jugements prononcés dans votre patrie contre des légèretés qu'on ne peut qualifier de crimes, vous embrassez généreusement sa défense. C'est se déclarer le protecteur des opprimés et le vengeur des