<35> avec ce que V. M. daignera certifier. La voix dans le désert annonçait qui vous savez; et, quoiqu'on ne soit pas digne de chausser certaines gens, cependant on est précurseur.

Je ne peux écrire de ma main, parce qu'il fait un vent de bise qui me tue, et que d'ailleurs je ne veux pas que les hussards connaissent mon écriture. Si vous aviez connu mon cœur, j'aurais vécu auprès de vous sans m'embarrasser des hussards.

A vos pieds avec un profond respect.a

352. DU MÊME.

Aux Délices, 27 mars 1759.

Sire, je reçois la lettre dont Votre Majesté m'honore, écrite le 2 mars, de la main de votre secrétaire, mon compatriote suisse,b signée Federic. Il paraît que V. M. n'avait pas encore reçu le monument qu'elle a voulu que je dressasse de mes faibles mains à votre adorable sœur. En voici donc une copie que je hasarde encore dans ce paquet; je le recommande à Dieu, aux hussards, et aux curieux qui ouvrent les lettres. Votre paquet, que j'ai reçu avec votre lettre, contenait votre Ode au prince Henri, votre Épître à mylord Marischal, et votre Ode au prince Ferdinand.c II y a dans cette ode un certain endroit dont il n'appartient qu'à vous d'être l'auteur. Ce n'est pas assez d'avoir du génie pour écrire ainsi, il faut encore être à la tête de cent cinquante mille hommes. V. M. me dit, dans sa lettre, qu'il paraît que je ne


a Ces mots sont de la main de Voltaire.

b De Catt. Voyez l'Avertissement en tête de notre t. XXI.

c Voyez t. XII, p. 1, 108 et p. 9.