<449>comme je serais très-surpris si notre puissance ou impuissance osait attaquer V. M. sans avoir discipliné ses troupes pendant vingt années.

Daignez, Sire, me conserver vos bontés jusqu'à mon dernier moment.

557. A VOLTAIRE.

Potsdam, 17 juin 1777.a

Le talent est un don des dieux
Qu'en nos jours leur main trop avare
Rend plus estimable et plus rare
Qu'au temps des Quinaults, des Chaulieux.
Né sur les bords de la Baltique,
Sous un ciel chargé de frimas,
Admirateur du chant lyrique,
Mon âme épaisse et flegmatique,
En s'efforçant, n'en produit pas.
Que me restait-il donc à faire?
Ne pouvant être un bon auteur,
Je me rendis l'humble éditeur
D'Épicure et de Deshoulière.

Si j'étais Voltaire ou Apollon, j'aurais peut-être resserré le volume en le réduisant à moins de pages; mais m'aurait-il convenu d'être aussi sévère censeur, ne pouvant surpasser ceux que j'aurais ainsi mutilés? Il me serait arrivé comme à La Beaumelle et à Fréron. Ils jugèrent la Henriade, ils voulurent y substituer des vers; et il n'y eut à y critiquer que ce qu'ils avaient ajouté à ce poëme.

J'en viens à vos chagrins et à vos peines. Souvenez-vous bien que l'intention de ceux qui vous persécutent est d'abréger vos jours;


a Le 1er juin 1777. (Variante des Œuvres posthumes, t. IX, p. 344.)