<206>tés et d'attentions qui me confondaient, on ne part plus sans vouloir emporter une lettre de ma part; on croit que je vaux quelque chose, que le grand Frédéric ne m'eût pas tant marqué d'estime, et qu'il ne porterait pas de moi un jugement si flatteur, si je ne le méritais par quelque endroit. C'est votre gloire, Sire, qui rejaillit sur moi; et j'emprunte proprement ma lumière de l'astre qui éclaire l'univers, en qualité de votre humble satellite.

Je prends la liberté de vous recommander le colonel de Keith, qui passe de notre petite planète chez vous. V. M. sait qu'il est ministre du roi d'Angleterre auprès de mon fils. Il m'a demandé une lettre pour elle avec les plus vives instances, et il espère qu'elle pourra fixer sur lui les regards de Frédéric. Cette supposition m'est trop glorieuse pour y résister. D'ailleurs, ce qui pourrait venir à l'appui de ma recommandation, indépendamment du mérite personnel de M. de Keith, bien recommandable par lui-même, c'est qu'il est parent de mylord Marischal, pour lequel je connais beaucoup de bontés à V. M.

J'ai appris avec la plus grande joie que vous trouvez, Sire, l'ouvrage dont le jeune baron lui a montré un échantillon, digne de décorer un petit coin de son superbe palais. Je n'attends plus que quelques éclaircissements dudit baron pour y travailler avec l'ardeur que m'inspire l'idée de travailler pour vous. Ce pauvre jeune homme me fait grand plaisir d'être content de moi. Je le suis beaucoup de ses talents naissants, et je m'assure que puisque, malgré sa grande jeunesse, ils percent déjà, V. M. ne leur refusera pas la continuation de sa bienveillance. Il dansera bien, sans doute, au carnaval de Berlin; c'est de son âge.

Ce qui me réjouit infiniment, Sire, c'est que, selon les dernières lettres de Hollande, le peu de plaisir que V. M. se permet ne sera plus troublé par l'appréhension où la maladie de madame la princesse d'Orange a dû vous jeter. D'ailleurs, l'heureuse nouvelle que