<285>J'avais appris que la charmante princesse d'Orange, en quittant V. M., irait passer quelques jours à Rheinsberg. Mais quelles sont les fêtes qui eussent pu consoler de la douleur de s'éloigner de V. M.? J'ai trop éprouvé ce sentiment par moi-même, pour ne pas en connaître toute l'étendue. Il est ineffaçable, ainsi que la haute estime et l'admiration sans bornes avec laquelle j'ai l'honneur d'être, etc.

J'avais terminé cette lettre lorsque le marquis del Orologio, dans la maison duquel on m'a marqué beaucoup d'attention en Italie, m'a priée de lui faciliter le bonheur de voir le plus grand des hommes .....

172. A L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.

Le 8 septembre 1773.



Madame ma sœur,

Ce qui m'est le plus agréable de la lettre de Votre Altesse Royale, c'est que je juge, par la bonne humeur qui y règne, que vous êtes, madame, en parfaite santé. Divertissez-vous, madame, sur mon compte; mais portez-vous bien, c'est le principal. Non, madame, en vérité, j'en conviens de bonne foi, jamais prophète ne s'est avisé de prophétiser plus faux que je ne l'ai fait; je l'avoue, je le confesse, et je suis très-convaincu d'être le plus balourd de tous les voyants. Je pourrais avoir recours à des interprétations, avec quoi l'on rectifie telles sottises qu'on veut; mais je n'alléguerai point les crimes de la terre qui ont empêché l'Être suprême d'accorder la paix à l'Asie, qu'elle ne méritait pas. En attendant, V. A. R. a pris le sage parti de jouir du bon temps que le ciel nous accorde, et de partager ses jours