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AU COMTE D'ARGENTAL.

Silberberg, 27 février 1779.

Connaissant tout le cas que faisait de vous M. de Voltaire, et l'attachement que vous aviez pour lui, je me fais un plaisir de vous envoyer son Éloge. Les circonstances dans lesquelles je me trouve ne m'ont pas permis de le faire aussi bien que je l'aurais désiré, et que le méritait le génie que je regretterai toujours. J'aurais fait tout au monde pour réparer la perte de ce grand homme; mais, dans l'impossibilité de le rappeler à la vie, j'ai cru de mon devoir de rendre justice à son mérite, et de témoigner les regrets que me causait la perte de ce beau génie. C'est malheureusement à cela qu'est borné le devoir des contemporains sur la perte qu'ils font des grands hommes. Sensible à tout ce que vous me dites d'obligeant, je serais charmé d'avoir des occasions de vous marquer le cas que je fais de vous, et l'intérêt que je prends à ce qui vous regarde.

Sur ce, je prie Dieu qu'il vous ait en sa sainte et digne garde.

Federic.