<465> été condamné, à moins que durant la guerre il ne se soit passé des choses qui ne sont point parvenues jusqu'à moi.

Vous me pressez de vous dire ce que je pense des additions que vous avez faites à vos Essais de littérature. Il me semble vous avoir écrit que je m'étais instruit dans cette partie de l'ouvrage où vous daignez abaisser la sublime géométrie au niveau de mon ignorance, que j'approuvais beaucoup la sagesse et la circonspection avec laquelle vous avez traité la partie métaphysique, matière délicate et scabreuse, et qu'il me semblait que c'était la seule manière de l'exposer sans soulever contre soi un essaim de docteurs armés d'anathèmes et d'imprécations. La partie qui regarde les beaux-arts est plus libre; il est permis de dire sur le sujet de l'histoire, de la poésie et de la musique tout ce que l'on veut, sans craindre l'inquisition; et comme les goûts sont différents, il serait difficile de trouver deux personnes dont les sentiments fussent d'accord en tout. Pour moi, par exemple, je me suis fait une habitude d'étudier l'histoire en la prenant à ses commencements, et en la suivant jusqu'à nos jours, par la raison qu'on établit des principes avant d'en tirer des conséquences. J'aime dans la poésie tout ce qui parle au cœur et à l'imagination, la politique et la Fable, et je serais fâché qu'on voulût en bannir la mythologie, si féconde en images. Ce n'est pas à dire qu'on abuse d'images usées; mais que de ressources pour un beau génie que ce nombre d'allégories charmantes sous lesquelles les anciens enveloppaient leurs connaissances physiques! Si des barbares, des prêtres fanatiques ont détruit les images des dieux du paganisme, serait-ce à des gens de lettres du dix-huitième siècle à faire main basse sur ce que des siècles où florissaient les arts et le goût ont produit de plus ingénieux? En un mot, le premier devoir du poëte est de plaire; il faut qu'il lui soit libre d'employer tel secours qu'il veut, pourvu qu'il y réussisse.

Je n'ose pas dire que j'aie trouvé quelques sophismes en dialectique dans les pensées d'un grand géomètre sur la musique; mais je