<476> son exemple et ses écrits, pourrait remettre en vigueur la discipline des Grecs et des Romains, et rendre à la philosophie son ancien lustre. Sur ce, etc.

45. DE D'ALEMBERT.

Paris, 29 janvier 1768.



Sire,

Je viens de recevoir et de lire avec la plus grande sensibilité l'Éloge que V. M. a fait du jeune et digne prince qu'elle a eu le malheur de perdre. Cet ouvrage, Sire, fait un honneur égal à l'esprit et aux sentiments du héros qui en est l'auteur; c'est la vertu et l'éloquence qui pleurent la vertu et les talents, moissonnés à leur aurore; on ne peut s'empêcher de joindre ses larmes à celles de V. M. en lisant un ouvrage si touchant et si pathétique. Le seul endroit peut-être que j'aurais désiré de n'y pas trouver, quoique le plus touchant et le plus pathétique de tous, c'est celui où V. M. parle de sa fin prochaine. Je sais, Sire, qu'un héros tel que vous envisage ce dernier moment avec tranquillité; mais il me semble que V. M. devrait dérober cette affligeante image aux regards de ceux qui lui sont tendrement et respectueusement attachés. Heureusement pour leur sensibilité, ce triste moment, Sire, est pour eux dans le lointain bien plus qu'il ne le paraît à V. M.; ils se flattent même qu'ils n'auront pas la douleur d'en être témoins. En lisant cette triste et éloquente péroraison, j'adressais du fond de mon cœur à V. M. les beaux vers de l'ode XVII du second livre d'Horace, où ce poëte prie Mécène de suspendre les plaintes que la vue d'une mort prochaine causait à ce favori d'Au-