<481> qu'il a renvoyée à Paris; il est resté seul avec un jésuite, nommé le père Adam, qui n'est pas, à ce qu'il dit, le premier homme du monde; il prétend que Son Altesse monseigneur le duc de Würtemberg lui doit beaucoup, et le paye fort mal, et il dirait volontiers de ce prince ce qu'en disait en ma présence à V. M. un peintre italien qui avait travaillé pour lui sans être payé : Oh! c'est un homme qui n'aime point la virtou.

V. M. me flatte infiniment en désirant un nouveau volume de mes œuvres; j'ai bien quelques matériaux pour ce volume, mais je ne sais quand ma pauvre tête me permettra de les mettre en œuvre. Je vais la laisser reposer pendant un an; pour tuer le temps en attendant, je fais imprimer deux volumes de grimoires algébriques qui sont faits depuis plus de deux ans, et qui n'intéressent guère V. M., ni moi non plus.

Madame la comtesse de Boufflers-Rouverel, femme de beaucoup d'esprit et de mérite, et que feu madame de Pompadour, d'heureuse mémoire, haïssait fort à cause de son admiration pour V. M., me charge de mettre à ses pieds M. le comte de Boufflers son fils, jeune homme bien élevé, instruit et sage, qui doit arriver incessamment à Berlin, et que le ministre d'Angleterre doit présenter à V. M.; ce jeune seigneur mérite d'être distingué, par sa conduite et par ses connaissances, de notre jeune noblesse française.

Je me flatte, Sire, que le retour des beaux jours et l'exercice rendront à V. M. une santé parfaite; je ne suis point étonné qu'elle ait souffert du rude hiver que nous venons d'éprouver, et j'espère qu'elle se trouve mieux à présent. Puisse la destinée la conserver longtemps pour le bien de ses États, pour l'exemple de l'Europe, pour l'honneur et l'avantage des lettres et de la philosophie!

Je suis avec le plus profond respect, etc.