<540> et également punissables quand ils les enfreignent. C'est ce qui a lieu dans tous les États bien gouvernés, où le supérieur n'a jamais le droit d'opprimer son inférieur impunément; mais c'est malheureusement ce qui n'a pas lieu partout; l'auteur en a peut-être été témoin, et c'est peut-être ce qui a si violemment échauffé sa bile contre ceux qui gouvernent. J'ai vu à peu près les mêmes choses que lui, mais je les ai vues plus de sang-froid, et j'ai conclu que ceux qui commandent et ceux qui obéissent sont souvent aussi répréhensibles les uns que les autres, et que toutes les classes de l'espèce humaine n'ont rien à se reprocher. Je vois, par exemple, que si les rois ont souvent fait des guerres injustes, les républiques, comme le remarque très-bien V. M., ont été aussi souvent dans le même cas, et je regarde en particulier cette république romaine tant célébrée dans l'histoire comme un des plus grands fléaux qui aient désolé l'humanité. Je n'ajouterai rien à cette réflexion, sinon que, sur la guerre de 1756, j'ai admiré la modération avec laquelle V. M. s'exprime.a Tout ce qu'elle dit, sur ce sujet, de la nécessité des guerres et de celle des impôts me paraît plein de sens et de raison; mais pour l'application de ces principes il faut un fonds d'équité dont, par malheur, tous ceux qui ont le pouvoir en main ne sont pas toujours capables. J'aurais l'honneur d'en dire davantage à V. M., si une lettre pouvait souffrir les détails délicats dont cette matière est susceptible; je me contente donc de prier le Saint-Esprit d'éclairer les rois et les peuples, et surtout de conserver longtemps V. M. pour l'exemple des uns et le bonheur des autres.

Je suis avec le plus profond respect, etc.


a Voyez t. IX, p. 166 et 167.