<602>trances à Voltaire sur cette conduite, qui lui fait plus de tort qu'à Maupertuis. Je vous avoue qu'on se lasse de retrouver à tout propos Maupertuis, l'abbé Desfontaines, Fréron, Lefranc de Pompignan, le poëte Rousseau et Abraham Chaumeix dans ses ouvrages; des injures si souvent répétées dégoûtent le lecteur, et démasquent trop le fond de l'âme de Voltaire. Cela est triste, et n'est pas plaisant. Toutefois les pauvres Vandales de ces cantons saluent le philosophe habitant de l'Athènes moderne, l'Anaxagoras de Paris; ils se recommandent à sa protection, à ses prières; ils le prient de les associer à ses œuvres pies, comme ces Vandales se sont associés aux prières des bons pères jésuites. C'est le moyen de ne pas manquer le paradis; d'un côté un géomètre, de l'autre un jésuite; avec cette escorte, il faut faire chemin, ou l'on n'en fera jamais. Conservez votre bonne humeur, riez de tout avec Démocrite. Vivez surtout, portez-vous bien, et soyez sûr que personne ne s'y intéresse plus que le solitaire vandale de Sans-Souci. Sur ce, etc.

104. DE D'ALEMBERT.

Paris, 17 août 1771.



Sire,

La lettre que Votre Majesté m'a fait l'honneur de m'écrire en réponse à mes doléances sur le triste état des finances françaises m'a rappelé la fable de la fourmi qui, étant bien pourvue de toutes ses provisions, se moque de la pauvre cigale pour n'avoir pas eu la même prévoyance.a Un royaume tel que la France, dites-vous, ne


a La Cigale et la Fourmi, par La Fontaine.