<647> faudra donc que les juifs prennent patience pour aller s'établir sur les bords du Jourdain; j'espère au moins que les Turcs se feront encore battre dans la première guerre qu'ils feront à quelque monarque philosophe en effet, et chrétien pour la forme, et que ce héros philosophe et mauvais chrétien rendra ce petit service aux juifs, dont il pourrait même tirer quelque argent à cette bonne intention, car tout bienfait mérite reconnaissance.

Le professeur que j'ai eu l'honneur d'envoyer à V. M. doit actuellement, si je ne me trompe, être arrivé à Berlin; j'espère que V. M. l'aura vu, et je ne doute point qu'il ne justifie par son travail et par sa conduite ce que j'ai annoncé de lui. Je ne sais si V. M. est informée que M. Thieriot, chargé ici de sa correspondance littéraire, tire absolument à sa fin;a en cas que V. M. ne lui ait pas déjà destiné un successeur, et qu'elle veuille bien avoir sur ce sujet quelque confiance en mon choix, je prends la liberté de lui proposer pour remplacer M. Thieriot, et aux mêmes conditions, M. Suard, homme d'esprit, de goût et de probité, qui a travaillé longtemps avec succès au Journal étranger et à la Gazette littéraire, et qui est auteur d'une excellente traduction française de l'Histoire de Charles-Quint, par Robertson. J'ose assurer V. M. qu'elle ne peut faire à tous égards un meilleur choix pour remplacer M. Thieriot, et j'ose de plus me flatter qu'elle voudra bien m'en croire, tant par le zèle qu'elle me connaît pour ce qui l'intéresse, que par l'expérience qu'elle a déjà faite de l'attention scrupuleuse que j'ai apportée à tous les choix dont elle m'a fait l'honneur de me charger.

Je suis avec le plus profond respect, la plus vive reconnaissance, et la plus sincère admiration, etc.


a Voyez t. XXIII, p. 260.