<651> encore bien des matières combustibles, et peut-être même assez près de vos États; mais j'ai une ferme confiance que celui qui a su jeter si efficacement de l'eau sur le feu qui brûlait depuis quatre ans sera encore plus heureux pour éteindre celui qui ne fait que couver encore. Il vaut mieux pour V. M. de s'occuper, comme elle le fait avec tant de succès, des progrès de l'éducation chez elle que de s'engager dans les querelles des autres. J'espère qu'elle sera contente du professeur que j'ai eu l'honneur de lui envoyer.

Je compte que V. M. recevra, par ce courrier-ci, une feuille littéraire de la part de M. Suard, que j'ai eu l'honneur de proposer à V. M. pour remplacer le pauvre Thieriot. Ce dernier vient de mourir depuis peu de jours, et j'ai lieu de croire que V. M. ne sera pas mécontente de la feuille que M. Suard lui envoie. Il se conformera avec autant de zèle que d'intelligence à tout ce que V. M. pourra désirer, et je prends la liberté en conséquence de renouveler à V. M. mes très-humbles prières pour lui demander, en faveur de M. Suard, les mêmes bontés dont elle honorait M. Thieriot. J'attends à ce sujet ses derniers ordres, et j'ose me flatter qu'ils seront favorables.

J'ai envoyé à M. le chevalier de Chastellux, qui en ce moment n'est point à Paris, la lettre dont V. M. l'a honoré, et je ne doute point qu'il n'ait l'honneur d'en faire incessamment lui-même ses très-humbles remercîments à V. M. Il est digne de ses bontés et de son estime par ses connaissances, son caractère, son ardeur pour s'instruire, et son application à son métier, qui ne souffre point de ses autres études; et il n'est que trop vrai, par malheur pour notre nation, qu'on ne peut aujourd'hui donner le même éloge qu'à un très-petit nombre de ses semblables. La plupart de nos courtisans sont même plus qu'indifférents aux lettres; ils en sont les ennemis déclarés, parce qu'ils sentent au fond de leur cœur que les hommes éclairés les méprisent, et il faut avouer que les hommes éclairés ont grand tort à cet égard. Nous vivons encore un peu de notre ancienne