<681> Voilà une leçon dont sûrement ils profiteront un jour, soit par principe de justice, soit par principe au moins de vanité, et pour ressembler en quelque chose au héros de ce siècle. Voilà une inscription qui mérite bien d'être célébrée par une médaille, dont V. M. imaginera mieux que personne le corps et la devise.

Je prie V. M. de vouloir bien recevoir mes très-humbles compliments sur la naissance du prince dont votre auguste maison vient d'être augmentée.a Tout ce qui peut la perpétuer et l'étendre est pour moi l'objet du plus vif intérêt, et j'ose croire que V. M. en est bien persuadée.

Un des plus estimables membres de votre Académie, M. Bitaubé, vient de m'envoyer le poëme de Guillaume,b dont il est l'auteur. Cet ouvrage m'a paru intéressant, et la lecture m'en a fait plaisir. L'auteur désirerait de le rendre plus parfait à une seconde édition, et m'a fait part du désir qu'il a témoigné à V. M. de faire un voyage en France pour être à portée d'améliorer son ouvrage par les conseils de nos principaux gens de lettres. Je crois en effet, Sire, que cet ouvrage y pourrait gagner beaucoup; mais ce qui peut-être y gagnerait encore davantage, c'est la nouvelle édition que l'auteur a entreprise de sa traduction de l'Iliade. Il désire d'autant plus de donner à cet ouvrage toute la perfection dont il se sent capable, que l'ouvrage est dédié à V. M., et qu'il a eu le bonheur de lui plaire. C'est une entreprise si difficile, qu'il n'ose s'en fier à ses seules forces; en voulant donner une traduction plus fidèle, il craint de gâter un ouvrage qui a eu du succès; et pour éviter cet écueil, il croit avoir besoin de consulter les vrais juges de la langue. Tels sont, Sire, les motifs qui lui font désirer ce voyage, quoiqu'il n'aime rien moins


a Voyez t. XX, p. 197.

b Guillaume de Nassau, ou la fondation des Provinces-Unies (poëme épique en dix chants et en prose), par M. Bitaubé. Nouvelle édition, considérablement augmentée et corrigée. Paris, 1775, in-8. Voyez, au sujet de l'auteur, notre t. XXIII, p. 463.