<71> tendent à la maintenir, et il y a lieu de croire que cela arrivera, pourvu que les puissances ne veuillent pas se roidir contre un projet dont il me paraît qu'une certaine puissance ne se départira jamais. La guerre, madame, est un fléau qui les rassemble tous, et qui ne doit jamais se faire que pour ramener et consolider la paix. Il me semble que l'Europe doit être rassasiée de combats et de meurtres; il est bien temps que la paix se maintienne pour guérir toutes les plaies et les désolations dont tant d'États souffrent, et pour que, à l'ombre des lois, les nations qui commençaient à devenir féroces reprennent des mœurs et de l'urbanité. Dans ma sphère, quoique étroite, je tâche d'y contribuer autant qu'il dépend de moi. Mais, madame, il y a bien des têtes dans l'Europe, et il reste toujours la grande difficulté de concilier tant de différentes volontés.

Voilà, madame, ma confession authentique, qui, je l'espère, me méritera mon absolution. Je l'attends de votre indulgence, et encore plus de la bonté avec laquelle vous recevez les assurances de la haute estime et de la parfaite considération avec laquelle je suis, etc.

23. DE L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.

Dresde, 14 mai 1764.



Sire,

Je quitte la féerie et tous les jeux brillants de l'imagination pour me livrer tout entière au sentiment. Qu'il est beau de voir un grand guerrier faire l'éloge de la paix avec une éloquence qui paraît venir du cœur! V. M. nous fait espérer la conservation de cette paix si désirable. Elle juge qu'on peut la maintenir en Europe. Mais, Sire, de