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VI. CORRESPONDANCE DE FRÉDÉRIC AVEC M. DE HERTZBERG. (29 AVRIL 1779 - 4 JANVIER 1781)[Titelblatt]

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CORRESPONDANCE DE FRÉDÉRIC AVEC LE MINISTRE D'ÉTAT M. LE COMTE DE HERTZBERG A L'OCCASION DE L'ÉCRIT : SUR LA LITTÉRATURE ALLEMANDE, ETC.

[M. de Hertzberg à Frédéric, Breslau, 29 avril 1779]

Pendant le séjour que le Roi fit à Breslau dans l'hiver de 1779, il dit un jour au ministre d'État comte de Hertzberg, qui se trouvait dans la même ville, qu'il doutait que Tacite pût être traduit en allemand avec autant de précision qu'en français. Il opina en même temps que les anciens Goths étaient venus de la Suède, et que les rois des Parthes de la race des Arsacides avaient joué dans l'histoire ancienne un rôle plus brillant que n'avaient fait les anciens Germains. M. le comte de Hertzberg, ayant soutenu le contraire, envoya au Roi le lendemain un échantillon d'une traduction des chapitres XXXVII et XLIV de Tacite, de son ouvrage sur la situation et les mœurs de la Germanie, avec la lettre suivante :

Breslau, 29 avril 1779.

Je prends la liberté de présenter à Votre Majesté un chapitre de la Germanie de Tacite, que j'ai traduit en allemand et en français. Il me semble que la traduction allemande ne le cède pas à la française, ni pour la précision, ni pour la pureté. Ce chapitre prouve en même<378> temps combien Tacite donnait la préférence aux Germains sur les Parthes et les Arsacides, et qu'on peut prouver par lui que les Goths, les Suèves ou Vandales, les Longobards, les Angles, les Rugiens, les Hérules et autres grands peuples, qui ont ensuite renversé l'empire romain, ont eu leurs anciens siéges entre l'Elbe et la Vistule, dans les contrées qui sont présentement soumises à la domination de V. M. J'espère qu'elle ne prendra pas en mauvaise part la liberté que je prends de lui présenter ce petit essai.

[Frédéric à M. de Hertzberg, (Breslau, 29 avril 1779)]

Le Roi renvoya au ministre sa lettre une demi-heure après, avec la réponse suivante, écrite en marge de la propre main du Roi :

J'ai lu cet essai de traduction de Tacite que vous m'envoyez, contre lequel il n'y a rien à dire; mais c'est la description des mœurs des Germains. Ce n'est pas ce qu'il y a de difficile à traduire, mais son style sentencieux et énergique dont il trace en peu de mots les caractères et les vices des empereurs romains. Que les traducteurs s'essayent sur la vie de Tibère, sur Claude; ce style laconique et pittoresque en même temps, où au moyen de deux mots il exprime tant de choses, c'est ce qui mérite l'imitation de nos auteurs. Peu de paroles et beaucoup de sens, voilà ce que nos écrivains doivent se prescrire comme la règle inviolable de leurs productions. Quot verba, tot pondera.378-a Je vous demande pardon de ce que mon ignorance a la hardiesse de citer du latin à votre sapience; mais c'est une présomption que j'espère que vous me pardonnerez.

[M. de Hertzberg à Frédéric, Sans-Souci, 8 novembre 1780]

Le Roi composa dans la suite l'écrit connu sous le titre : De la littérature allemande, etc.378-b Il fit venir M. de Hertzberg, au mois de novembre 1780, à Sans-<379>Souci, et après lui avoir lu ce mémoire, il le chargea de le faire imprimer en français. M. le comte, trouvant la critique de Sa Majesté sur la langue allemande trop sévère, s'efforça de justifier celle-ci de bouche, et envoya au Roi la traduction d'un passage plus difficile encore de Tacite (Annales, XIV, 53 et 54), avec la lettre suivante :

Sans-Souci, 8 novembre 1780.

Ne suis-je pas trop hardi, Sire, de présenter encore à Votre Majesté un petit essai de traduction d'un passage des Annales de Tacite? C'est la harangue par laquelle Sénèque essaye de rendre ses biens à Néron. J'ai tâché d'en faire une traduction aussi pure et aussi serrée que possible, d'après l'original latin. J'y ai comparé ensuite la traduction d'Amelot de la Houssaye, qui me paraît être une paraphrase entièrement francisée, sans que le traducteur ait partout compris le véritable sens du latin. Il est sûr, et je m'en aperçois encore plus par les observations très-justes que V. M. a daigné me faire lire, que la langue allemande a encore grand besoin d'être épurée et enrichie; et je suis persuadé que les règles que V. M. lui prépare contribueront plus que toute autre chose à former cette langue, et à encourager la nation d'y travailler.

[Frédéric à M. de Hertzberg, (Sans-Souci, 8 novembre 1780)]

Le Roi répondit, un quart d'heure après, par le billet suivant :

Voilà du bon allemand, et un des meilleurs morceaux que j'aie vus jusqu'ici; mais, pardonnez à ma critique peut-être trop sévère, je n'aime point le Beispiel dans votre phrase; il faut le mot d'Exempel. Il est sûr que si des gens de votre capacité et de votre savoir se mêlaient de former la langue allemande, ils y réussiraient indubitablement. Je vous remercie, en attendant, de la pièce que vous avez bien voulu me communiquer.

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[M. de Hertzberg à Frédéric, Sans-Souci, 9 novembre 1780]

M. le comte de Hertzberg essaya encore, pendant son séjour de Sans-Souci, de faire lire au Roi un petit ouvrage allemand de M. Nicolai, Du Beau (Vom Schönen),380-a et le lui présenta par la lettre suivante :

Sans-Souci, 9 novembre 1780.

Votre Majesté m'a confondu hier par une critique sévère, mais que je ne saurais que trouver juste, du livre que je lui ai présenté. Il me paraît pourtant que la fin de ce conte est si élevée, et se rapproche si fort des règles que V. M. m'a lues hier, que je hasarde de le lui présenter encore une fois, et de soumettre à son bon plaisir si elle ne voudrait pas en lire quelques pages depuis celle de 62. On y représente comme le plus beau un vieux ex-ministre qu'un des princes avait retrouvé et ramené à la cour de son père, qui, après en avoir été chassé par les calomnies d'un rival culbuté ensuite, recueille celui-ci, et le rend vertueux. Il semble que ce conte étale des sentiments fort beaux, énoncés avec force, élégance et précision, et qu'il retrace le souvenir de Télémaque et d'Idoménée. Je ne me crois pourtant pas juge compétent, et je demande pardon à V. M. de la liberté que je prends de l'importuner encore une fois.

[Frédéric à M. de Hertzberg, (Sans-Souci, 9 novembre 1780)]

Sa Majesté renvoya bientôt ce livret, avec cette réponse :

Ceci est plus passable que ce que j'ai lu hier; mais toutefois dans deux pages il y a deux fautes.380-b Les brennende Wangen (joues brûlantes) peuvent avoir lieu chez un homme transporté de colère ou pris de vin; mais ici c'est une fausse épithète, qui ne convient point à un prince qui se réjouit. Je suis trop sincère pour applaudir à de telles fautes.

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Frédéric à M. de Hertzberg, (Sans-Souci), 10 novembre 1780

M. le comte de Hertzberg étant retourné à Berlin, le Roi lui envoya son ouvrage De la littérature allemande, etc., accompagné de la lettre suivante :

10 novembre 1780.

Voici le reste de mon ouvrage, qu'on a copié; j'y ai fait de petites corrections, et je l'abandonne à votre examen, ainsi qu'à la peine que vous voulez bien prendre de le faire traduire. Je souhaite que mes contemporains me fournissent de justes sujets de les louer; personne ne sera plus porté que moi de faire leur panégyrique. S'il y en avait beaucoup qui vous ressemblassent, j'aurais la matière toute prête; et je vous assure que je leur rendrais justice en ayant pour eux la même estime que j'ai pour votre personne.

[M. de Hertzberg à Frédéric, Berlin, 12 novembre 1780]

M. de Hertzberg proposa au Roi quelques petits changements par la lettre suivante :

Berlin, 12 novembre 1780.

J'ai reçu la fin de l'ouvrage excellent sur la littérature allemande que V. M. a daigné me confier. J'en ai donné l'original à M. Thiébault, pour l'impression française, après en avoir tiré une copie exacte, et je m'occupe actuellement à le faire traduire et imprimer en allemand. J'en enverrai aussi des exemplaires à V. M., avant que l'impression en soit achevée.

V. M. ne désapprouvera peut-être pas si je substitue en deux endroits des noms qui me paraissent avoir été confondus dans la copie. Par exemple, la comparaison outrée d'une escarboucle ne se trouve pas dans un ouvrage de Heineccius, mais dans un autre du professeur Ebertus,381-a à Francfort, auquel la lecture des romans espagnols avait<382> tourné la tête. Ensuite, quand on propose aux Allemands pour modèle d'un bon historien Thomasius, je crois qu'il convient de mettre le nom de Mascov, qui est effectivement un de nos meilleurs historiens, au lieu que Thomasius n'a pas écrit en allemand, et ne s'est pas distingué dans l'histoire,382-a mais dans le droit et la philosophie, ayant détruit le règne des fées.

Je ne sais aussi si j'oserais proposer les vers ci-joints de Gottsched,382-b pour les mettre à la place de cette impertinente strophe : Scheuss, etc. On soutient que ceux-ci ne se trouvent dans aucun poëme allemand imprimé, et les vers ci-joints, qui sont de Gottsched, auteur classique parmi les Allemands, ne leur cèdent pas en ineptie et en phébus.

Ces changements ne porteraient que sur des noms et des allégations, mais sur rien d'essentiel. Je prévois d'ailleurs que les Allemands sensés et non prévenus seront enchantés de voir qu'un roi qui a porté la gloire de sa nation au plus haut degré par son règne, par l'épée et par la plume, mais qui a passé jusqu'ici pour n'avoir pas fait grand cas de la langue allemande, est pourtant celui qui en<383> approfondit le mieux le fort et le faible, et donne les meilleures règles pour la perfectionner.

Je suis sûr que cet exemple excitera l'émulation et les plus grands efforts de la nation, tout comme V. M. a donné à tous les souverains de l'Europe l'envie de régner par eux-mêmes. Je crois pouvoir dire sans vanité que le grand exemple que V. M. a donné à l'univers d'une vertu tout à fait extraordinaire m'a toujours servi d'aiguillon pour l'imiter dans la sphère étroite d'un particulier. L'approbation que V. M. a daigné me témoigner dans sa dernière lettre et une précédente, ainsi que l'accueil gracieux dont elle m'a honoré à Sans-Souci, et dont je lui fais mes très-humbles remercîments, mettent le comble à ma félicité, et augmentent le désir dont je suis animé de justifier sa bonne opinion. Je ne souhaite plus rien que d'avoir des occasions fréquentes de pouvoir prouver la haute vénération et l'attachement respectueux avec lesquels je suis, etc.

[Frédéric à M. de Hertzberg, le 13 novembre 1780]

Sa Majesté n'agréa pas ces changements, selon la réponse suivante :

Le 13 novembre 1780.

Je vous demande grâce pour l'escarboucle; il faut qu'elle reste dans l'ouvrage; la chose est vraie, et tout le monde en a beaucoup ri l'année 1722. C'était à Wusterhausen, où j'ai vu et lu cette belle lettre. Au reste, vous pouvez être content de ma modération; je n'ai fouetté vos Allemands qu'avec des verges de roses, et j'ai modéré en bien des endroits la sévérité de la critique; ainsi ayez-moi obligation de ma retenue, et ne me poussez pas à bout. Je suis avec estime, etc.

NB. Thomasius a professé l'histoire à Halle; je sais des personnes qui ont étudié sous lui; on m'a même rapporté quelques-uns de ses traités, qui étaient de main de maître, parce qu'il traitait du droit, de l'histoire et de la philosophie, qu'il possédait toutes supérieurement.

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[M. de Hertzberg à Frédéric, (Berlin), 14 novembre 1780]

M. le comte de Hertzberg fit une nouvelle tentative pour sauver l'honneur de sa nation, dans la lettre suivante, laquelle fut renvoyée avec une marginale :

14 novembre 1780.

J'exécuterai ponctuellement les intentions de Votre Majesté. L'escarboucle y sera; je voulais seulement substituer le nom du véritable auteur, Ebertus, à celui de Heineccius. V. M. s'est trop bien souvenue de l'an 1722. J'ai trouvé le livre, qui est effectivement de cette année. Thomasius gardera aussi sa place. Il est vrai qu'il a beaucoup et supérieurement écrit sur le droit public et féodal, étroitement lié à l'histoire. Mascov ne l'a surpassé que pour l'allemand. J'ai compris que V. M. permet qu'on fasse usage des vers asiatiques de Gottsched. Les Allemands se soumettront à la censure très-juste de V. M.; ils demanderont seulement grâce pour quelques modernes.

[M. de Hertzberg à Frédéric, Berlin, 19 novembre 1780]

Le Roi avait écrit à la marge : « Je ne peux plus rien changer à ces bagatelles. » L'impression de l'ouvrage étant ensuite avancée, M. le comte de Hertzberg l'envoya au Roi avec la lettre suivante :

Berlin, 19 novembre 1780.

Comme l'impression de l'ouvrage que Votre Majesté a daigné confier au professeur Thiébault et à moi ne pourra être achevée que vers la fin de la semaine, je prends la liberté de lui en présenter la première feuille en français et en allemand. V. M. verra qu'on a exactement suivi l'original français, à quelques fautes typographiques près, qui seront encore corrigées. J'espère aussi qu'elle sera contente de la traduction allemande, que j'ai fait faire par le conseiller de guerre et archivaire Dohm,384-a et qui répond aussi parfaitement à l'ori<385>ginal, quoique, pour être conforme au génie de la langue, elle ne soit pas tout à fait littérale. C'est en relisant et en traduisant cet écrit admirable que j'ai été encore plus pénétré et convaincu de la vérité et de la justesse des excellentes leçons que V. M. y donne à sa nation.

[Frédéric à M. de Hertzberg, Potsdam, 20 novembre 1780]

Sa Majesté y répondit de cette manière :

Potsdam, 20 novembre 1780.

Je vous remercie des soins que vous voulez bien vous donner, selon votre rapport du 19, pour l'impression de l'ouvrage que je vous ai confié, et dont vous me présentez la première feuille; j'attendrai le reste lorsque tout sera prêt. Je prie Dieu qu'il vous ait en sa sainte et digne garde.

[M. de Hertzberg à Frédéric, Berlin, 3 janvier 1781]

L'écrit du Roi ayant paru, entre autres savants, l'abbé Jérusalem fit une apologie modeste de la littérature allemande. S. A. R. madame la duchesse douairière, qui l'avait occasionnée, l'envoya aussitôt au Roi. Sa Majesté la communiqua, par une lettre très-gracieuse du 28 décembre 1780, à M. le comte de Hertzberg, qui se trouvait alors attaqué d'une maladie très-dangereuse. Ce ministre écrivit là-dessus au Roi la lettre suivante :

Berlin, 3 janvier 1781.

Sire, je reconnais comme une marque précieuse du gracieux souvenir de V. M. qu'elle m'a communiqué l'écrit de l'abbé Jérusalem sur la littérature allemande, qu'il a adressé à S. A. R. madame la duchesse douairière de Brunswic, à l'occasion du mémoire de V. M. sur la même matière. Je l'ai lu aussitôt que ma santé très-affaiblie me l'a permis, et j'en ai fait faire par le secrétaire Le Coq, de notre chancellerie, une traduction française que je présente ci-jointe à V. M., au cas qu'elle veuille la lire en tout ou en partie. Le mémoire de<386> l'abbé Jérusalem a son mérite, et me paraît écrit avec vérité, modestie et pureté. Il y applaudit, en général, aux raisons que V. M. allègue du peu de progrès de la langue allemande, savoir aux guerres qui pendant deux siècles ont désolé l'Allemagne, et au manque de protection des souverains; et il avoue que l'éloquence du barreau et de l'Église ne pourra jamais devenir aussi brillante en Allemagne qu'en France, à cause de la constitution et des principes de religion, sur quoi il dit des choses assez mémorables. Il convient que la langue allemande cède à la langue française en harmonie; mais il soutient qu'elle la surpasse en force, et qu'elle est tout aussi harmonieuse que la langue grecque, qui avait autant de consonnes et plus de diphthongues. Il soutient enfin que, depuis le règne de V. M. et depuis le grand exemple qu'elle a donné à toute l'Europe de la culture de toutes les sciences, la littérature et la langue allemande avait pris un essor qui lui promettait en peu la préférence sur celles des autres nations. Enfin ce prélat appuie son sentiment par des raisons et des exemples qui rendent ce mémoire d'autant plus intéressant, qu'il s'accorde pour l'essentiel avec celui de V. M.

J'ai cru devoir exposer à V. M. mon faible sentiment sur cette pièce, autant que mon état présent me le permet. Je suis avec le plus profond respect, etc.

[Frédéric à M. de Hertzberg, Berlin, 4 janvier 1781]

Le Roi répondit à cette lettre par la suivante :

Berlin, 4 janvier 1781.

J'ai reçu par votre lettre d'hier la traduction de l'écrit de l'abbé Jérusalem sur la littérature allemande, que je vous renvoie avec bien des remercîments des peines que vous vous êtes données à ce sujet. Je dois cependant vous prier de vous ménager encore beaucoup, et de laisser tout ouvrage qui demanderait une tension d'esprit trop<387> continue de votre part, crainte de différer ou de retarder votre rétablissement. Si vous suivez cet avis, j'espère de vous voir bientôt recouvrer votre première santé, ce dont personne ne sera plus charmé que moi.

Sur ce, etc.

A M. DE HERTZBERG.387-a

Potsdam, Ier août 1779.

L'état critique de votre santé me fait de la peine, et je vous permets de vous rendre pour six semaines à Pyrmont, pour éprouver de nouveau la vertu des eaux minérales. Je serai bien aise si elles vous font tout le bien qu'on vous en fait espérer, et vous pourrez partir pour cette ville quand vous le jugerez à propos. Mais avant de partir, vous aurez soin de m'indiquer un homme discret et maître des deux langues, auquel je pourrais confier la traduction d'un mémoire français en allemand. J'en ai besoin à l'heure qu'il est, et je l'attends de votre choix.

Sur ce, etc.387-b

Je voudrais volontiers faire traduire une pièce française en allemand. Indiquez-moi, je vous prie, un homme qui entend bien les<388> deux langues, et qui est capable de traduire l'original avec toute sa force.388-a

AU MÊME.

Potsdam, 3 août 1779.

Connaissant la pureté de la source d'où vient la proposition que vous me faites, j'agrée le sieur Dohm pour le nouveau poste que vous voulez créer dans mes Archives, et je vous abandonne entièrement le soin de sa vocation et de son installation, tout comme au département celui de répondre à la dernière dépêche du comte de Nostitz,388-b en date du 23 juillet dernier.

Il en est de même de l'archiviste et secrétaire privé Kluge, qui vous paraît capable de traduire en allemand la pièce française dont je vous ai parlé,388-c sans déroger à la force des termes de l'original. Mais comme votre départ pour Pyrmont ne permettra point de vous l'adresser encore à temps, je la ferai tenir immédiatement à cet archiviste.

Sur ce, etc.


378-a Voyez t. VII, p. 120, et Büsching, Character Friedrichs des Zweiten, seconde édition, p. 32.

378-b Voyez t. VII, p. 103-140. Frédéric touche le même sujet dans sa lettre à Voltaire, du 6 juillet 1737 (t. XXI, p. 85-88).

380-a Ludwig Heinrich Nicolai, Das Schöne, eine Erzählung, Berlin, bei Fr. Nicolai, 1780.

380-b Le Roi avait mis de sa main, page 62 de l'ouvrage de Nicolai, gerunzelte au lieu de gespannte Stirn (front ridé, au lieu de tendu), et p. 63, aux mots brennende Wangen, il avait noté : « Hyperbole impertinente. »

381-a Le professeur Adam Ebertus a publié sous le voile de l'anonyme l'ouvrage suivant, dédié à la reine de Prusse : Auli Apronii Reise-Beschreibung, von Villa Franca der Chur-Brandenburg durch Teutschland, Holland und Braband, England, Frankreich, etc. Villa Franca (Francfort-sur-l'Oder), 1723, cinq cent cinquante pages in-8. Il y a une dédicace d'un style boursouflé en tête des éditions de 1723 et de 1724, avec quelques changements dans cette dernière. Voyez notre t. VII, p. 114. Adam Ebertus, né à Francfort-sur-l'Oder en 1656, y mourut le 24 mars 1735, professeur de droit à l'université.

382-a On trouve dans l'ouvrage de Büsching, Character Friedrichs des Zweiten, seconde édition, p. 36, une réponse du Roi au ministre d'État baron de Fürst (1770) dans laquelle il recommande la méthode de Thomasius aux professeurs d'histoire. Mais Büsching convient lui-même que Frédéric s'est trompé en vantant (ici et t. VII, p. 130) le mérite historique de ce savant. Il nous a été impossible, quelques recherches que nous ayons faites, de découvrir à Halle la moindre trace des cahiers d'histoire de Thomasius.

382-b

Deines hohen Geistes Feuer
Schmelzte Russlands tiefsten Schnee;
Ja das Eis ward endlich theuer
An der runden Caspersee.

Ces quatre vers font partie d'une ode de Gottsched intitulée : Bei widriger Schifffahrt über die Ostsee, auf der Höhe von Bornholm entworfen, 1729, im Juni; la pièce commence par une invocation au poëte Paul Flemming, mort en 1640. Voyez Herrn Johann Christoph Gottscheds Gedichte, ans Licht gestellet von Johann Joachim Schwabe, seconde édition, Leipzig, 1751, t. I, p. 216.

384-a Chrétien-Guillaume Dohm, professeur à Cassel, anobli depuis le 2 octobre 1786, avait été nommé, le 28 septembre 1779, conservateur des grandes Archives royales, à Berlin, avec le titre de conseiller de guerre.

387-a Les deux lettres qui suivent sont étrangères à la correspondance de Frédéric avec le comte de Hertzberg sur l'écrit : De la littérature allemande, etc.

387-b De la main d'un secrétaire.

388-a De la main du Roi.

388-b Envoyé de Prusse à Stockholm.

388-c Jean-Daniel Kluge a traduit les Lettres sur l'amour de la patrie, par Frédéric (t. IX, p. xII, et p. 241-278). Voyez Neuestes gelehrtes Berlin, par Schmidt et Mehring, t. I, p. 291.