<15> dans le lointain et sur la simplicité de nos mœurs. Je m'arrête en si beau chemin, de crainte de scandaliser les mécréants. Soupçonnez-moi de tout ce que vous voudrez; mais au moins rendez justice à l'intérêt que je prends à votre personne, à l'admiration que j'ai pour vos talents, et aux vœux que je fais pour votre conservation. Sur ce, etc.

155. DE D'ALEMBERT.

Paris, 17 mai 1775.



Sire,

Je viens de recevoir le nouveau présent dont Votre Majesté a bien voulu m'honorer, et je ne perds pas un moment pour lui en témoigner ma vive reconnaissance. Ce buste de M. de Voltaire, Sire, m'est encore plus cher par la main auguste et chérie de qui je le tiens que par l'ancien et illustre ami dont il me retrace si bien l'image. La ressemblance est parfaite, et la finesse de l'exécution ne laisse rien à désirer. L'inscription Immortalis est digne, par sa vérité, sa simplicité et sa noblesse, du grand homme à qui elle est consacrée, et du plus grand homme qui l'a imaginée. Il ne manque, Sire, à cette inscription que deux mots que je prendrai la liberté d'y ajouter, avec la permission de V. M.; c'est que cet homme immortel m'a été donné par un autre homme immortel, ab immortali datus. Puisse cet homme immortel joindre à tous ses titres de gloire si bien mérités celui de pacificateur du Nord et de l'Europe! Puisse-t-il, par son ascendant et par son influence si puissante, éloigner la guerre dont on dit que les taureaux menacent nous autres grenouilles! Les pauvres Velches, en