<242> l'impertinence de se servir de mon nom pour ennuyer V. M. M. de Rougemont, son banquier, me dit hier qu'un M. le baron de Marivetz l'avait chargé d'envoyer un livre à V. M. Mais, Sire, je ne connais point ce M. le baron de Marivetz, je n'ai point lu son livre, et je n'ai rien dit à ce sujet à M. de Rougemont. Il y a aussi un M. Carra qui a dédié récemment un livre de physique à monseigneur le Prince de Prusse, et qui m'a dit en avoir envoyé un à Berlin, aux armes de V. M.; mais M. Carra, que je connais, m'a assuré qu'il ne s'était point servi de mon nom pour cet envoi. Je prie donc V. M. d'être persuadée que je ne suis nullement coupable de l'impatience que lui a causée ce mauvais ouvrage, quel qu'il puisse être. C'est bien assez de l'ennuyer quelquefois de mes rapsodies, sans y ajouter celles des autres.

Je suis avec le plus profond respect et pour votre personne, et pour votre temps, etc.

251. A D'ALEMBERT.

Le 17 mars 1782.

Vous n'avez pas été aussi mal informé sur mon sujet que vous le croyez. J'ai eu une forte attaque de goutte à la main et au pied droits, et comme malheur est bon à quelque chose, l'impuissance de me servir de la main droite m'a fait recourir à la main gauche, avec laquelle j'ai appris à écrire lisiblement. Cet exercice, et celui de la patience, est tout ce que j'ai profité de ma dernière maladie. J'ai rappelé dans ma mémoire les sages préceptes du Portique, quoique je ne me sois pas écrié dans un moment de douleur, comme Posidonius : O goutte! quoi que tu fasses, je n'avouerai pas que tu es un mal. Je me borne