<340> encore quelques jours. J'ai beaucoup d'arrangements à prendre; je trouve de grandes difficultés à surmonter, et il faut sauver la patrie, non pas la perdre; je dois être plus prudent et plus eut reprenant que jamais. Enfin je ferai et j'entreprendrai tout ce que je croirai faisable et possible. Avec cela, je me trouve dans la nécessité de me hâter pour prévenir les desseins que Hadik pourrait avoir sur Berlin. Adieu, mon cher. Ou vous chanterez un De profundis,a ou un Te Deum dans peu.

3. AU MÊME.

(Oetscher) ce 12 (août 1709).

J'ai attaqué ce matin à onze heures l'ennemi. Nous les avons poussés jusqu'au cimetière des juifs,b auprès de Francfort. Toutes mes troupes ont donné, et ont fait des prodiges; mais ce cimetière nous a fait perdre un prodigieux monde. Nos gens se sont mis en confusion; je les ai ralliés trois fois; à la fin, j'ai pensé être pris moi-même, et j'ai été obligé de céder le champ de bataille. Mon habit est criblé de coups. J'ai deux chevaux de tués. Mon malheur est de vivre encore. Notre perte est très-considérable. D'une armée de quarante-huit mille hommes, je n'en ai pas trois mille dans le moment que je parle. Tout fuit, et je ne suis plus maître de mes gens. On fera bien à Berlin de penser à sa sûreté. C'est un cruel revers, je n'y survivrai pas. Les suites de l'affaire seront pires que l'affaire même; je n'ai plus


a Voyez t. XIX, p. 363.

b Voyez t. V, p. 19 et suivantes, et t. XX, p. 314.