<35> venez vous-même, comme vous me le faites espérer, pour rendre la vie à cette Académie, dont vous êtes l'âme, quoique absent, et recueillez ici les approbations sincères et les marques d'amitié d'un peuple obotrite qui vous rend plus de justice que vos compatriotes. Sur ce, etc.

165. DE D'ALEMBERT.

Paris, 15 décembre 1775, anniversaire de la bataille
de Kesselsdorf.



Sire,

Je suis absolument de l'avis de Votre Majesté, et nullement de celui du charlatan Posidonius; je pense que la goutte est un grand mal, non seulement pour ceux qui la souffrent, mais même pour ceux qui s'intéressent aux souffrants. Celle dont V. M. a été si cruellement attaquée m'a causé les plus vives alarmes, même depuis la dernière lettre que j'ai eu l'honneur de recevoir d'elle; il a couru les plus mauvais bruits à ce sujet, et ce n'a été qu'à force d'informations que je suis parvenu à calmer un peu mes inquiétudes. Cependant, Sire, je n'en serai entièrement délivré que quand V. M. aura bien voulu me faire donner des nouvelles de son état, car je n'ose lui en demander à elle-même, et ne me laisser plus aucun doute sur le rétablissement d'une santé aussi précieuse à mon cœur.

J'ai reçu une lettre de divus Etallundus, comme V. M. l'appelle; il me paraît pénétré de reconnaissance des bontés de V. M., et bien résolu de ne rien négliger pour s'en rendre digne. J'espère que son application, sa conduite et ses mœurs prouveront à V. M., ou plutôt aux fanatiques absurdes et atroces à qui vous avez arraché cette mal-