<443> j'ai mille autres défauts; mais je ne suis certainement pas assez insensé pour m'aviser de lui jeter des amorces; je n'ai ni l'esprit ni le cœur assez mal placé pour porter un jugement aussi téméraire, aussi gauche, qu'on semble m'avoir attribué, en voulant me desservir auprès d'elle.

Plût à Dieu que j'eusse la conscience aussi nette envers lui que je l'ai à votre égard, monseigneur! Je serais sûr d'avoir toujours vécu sans reproche dans ce monde, et de n'avoir jamais de Belzébuth à craindre dans l'autre.

Je devrais demander pardon à V. A. R. de la longueur de cette jérémiade; mais je suis si touché du changement que je n'ai pu manquer de sentir dans sa façon de s'exprimer à mon égard, qu'il m'est impossible d'en rien retrancher. J'aime encore mieux vous avoir ennuyé, monseigneur, que de vous laisser dans une prévention qui pourrait me faire perdre innocemment l'honneur de vos bonnes grâces, l'unique bien souverain auquel j'aspire, et qui démentirait la dévotion sans bornes avec laquelle j'ai fait vœu d'être toute ma vie, etc.

4. AU COMTE DE MANTEUFFEL.

Berlin, 6 décembre 1735.



Monsieur,

Il faut que ma lettre vous ait trouvé dans une humeur mélancolique et atrabilaire, que vous ayez pris pour des choses sérieuses celles qui en effet n'étaient que des badineries et des jeux de mots.

Ce n'est pas d'aujourd'hui que votre nom, heureusement né pour l'équivoque, a donné lieu aux doubles ententes des plaisants;a je


a Voyez le Journal secret du baron de Seckendorff, p. 28.