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71. DU PRINCE DE PRUSSE.

Oranienbourg, 8 décembre 1757.



Mon très-cher frère,

Je vous félicite, mon très-cher frère, de la victoire que vous venez de remporter. Soyez persuadé que les malheurs qui m'ont effacé de votre souvenir et privé de votre estime n'ont point éteint les sentiments qui me font prendre part à tout ce qui contribue à la gloire de vos armes, à la vôtre, et à la conservation de l'État. Cette façon de penser ne me quittera qu'avec la vie.

J'ai l'honneur d'être, etc.

72. DU MÊME.

Berlin, 24 janvier 1758.



Mon très-cher frère,

J'ai toujours tâché de régler ma conduite en sorte de n'avoir aucun reproche à me faire. Cette persuasion fait mon unique consolation dans ma situation présente. Il serait messéant que je vous renouvelle le souvenir des causes qui m'ont privé (peut-être injustement) de l'honneur de votre estime et confiance; mais, étant persuadé et convaincu d'en être privé, je crois que nul autre parti ne me reste à prendre que celui de la retraite. Soyez persuadé, mon très-cher frère, que je regrette mon inutilité, et que je sacrifierais avec plaisir ma vie pour le bien-être de l'État et la gloire de l'armée, si vous m'en