<211> il n'y aura plus de Russes dans le pays. Quant aux détails, j'ai la carte du lieu, je sais toutes les circonstances; mais des raisons que vous approuverez en temps et lieu m'empêchent de vous en faire tous les détails. Bref, les Autrichiens sont de tous nos ennemis ceux qui entendent le mieux la guerre, les Russes les plus féroces, et les Français les plus légers. Je ne saurais vous faire une idée de toutes les barbaries que ces infâmes commettent, et les cheveux m'en dressent à la tête; ils égorgent des femmes et des enfants, ils mutilent les membres des malheureux qu'ils attrapent; ils pillent, ils brûlent; enfin ce sont des horreurs qu'un cœur sensible ne supporte qu'avec la plus cruelle amertume. Si le terrain n'était pas aussi difficile dans ces contrées, j'aurais pu mettre une fin plus prompte à tant de calamités; mais les considérations qui m'arrêtent sont valables, et je me flatte que nos malheurs tirent à leur fin. Voilà, mon cher frère, tout ce que je puis vous dire à présent pour satisfaire votre curiosité. Ma cavalerie a fait des merveilles et des prodiges; mon infanterie que j'ai amenée de Silésie, de même. Je vous embrasse de tout mon cœur, vous assurant de la tendresse infinie avec laquelle je suis, etc.

46. AU MÊME.

Elsterwerda, 8 septembre 1758.



Mon cher frère,

Vous voyez que nous n'avons pas tardé de vous secourir; cela n'aurait pas été cependant aussitôt, si les Russes ne se fussent retirés le 2. Je les ai encore suivis jusqu'à un petit mille de Landsberg, où j'ai laissé mon armée dans les forêts. Comme ce pays n'est pas propre