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86. DU PRINCE HENRI.

Lissa, 5 août 1760.



Mon très-cher frère,

Breslau est délivré pour ce moment. Loudon s'est retiré avec précipitation sur Canth et Zobten, après avoir bombardé et réduit une partie de la ville, particulièrement votre palais, en cendres. J'ai eu le bonheur que l'ennemi a abandonné le camp de Parchwitz, retranché comme une forteresse, et oùa un corps aurait pu se défendre, mais qui était préparé pour les Russes. Je passerai l'Oder vraisemblablement demain. Je dépends des nouvelles que je reçois, ayant deux armées entre lesquelles je me trouve. Si j'ai du bonheur dans cette situation, et si l'ennemi, pour le coup, ne profite pas de sa supériorité, j'en serai très-fort étonné. J'ai fait tout ce qui m'a été humainement possible; nous avons fait force de marches, et Loudon a été surpris; sans quoi il aurait pris le camp de Parchwitz, où je défie de passer ensuite à qui que ce soit. Mais j'avoue que si j'avais prévu les difficultés que je trouve dans cette campagne, et celles que je prévois encore, je vous aurais prié de me dispenser d'un emploi que je regarde quasi comme impossible à remplir.


a Les mots et où, omis dans le manuscrit, nous ont paru nécessaires au sens.